Mass Effect 3 en test, action et émotions

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Quand je pense à l’année 2007, je pense à une année assez importante niveau jeux vidéo. Cette année à notamment vue l’arrivé des licences Assassin’s Creed chez Ubisoft, Bioshock chez 2K Games, et le premier Modern Warfare chez Activision. Autant dire que c’était une période riche en nouveautés chez tous les éditeurs. Electronic Arts ne sera pas en reste cette année-là puisque juste avant l’acquisition de Bioware, l’éditeur californien éditera une toute nouvelle licence développée par ce mythique studio, Mass Effect. Et si je vous parle de l’année 2007 ce n’est pas anodin, puisque toutes ces licences sont arrivées ou arrivent sur leur troisième opus, pourtant quasiment toutes ont opté pour une stratégie différente. Dans le cas de Call Of Duty, le rythme sera d’un jeu tous les ans. Même si ce n’est pas un Modern Warfare, l’idée reste la même.

Pour Ubisoft, si on laissera mûrir le produit entre le premier et le deuxième opus, on passera à une sortie par an à partir du second volet d’Assassin’s Creed. Les nombreux spin off permettent de laisser 3 ans de développement au troisième opus, avec comme risque de lasser les fans de la première heure. Pour Bioshock, c’est encore différent, après un premier épisode plébiscité par les joueurs et la presse, malgré ses défauts, sa suitesera confiée à une équipe différente et la licence perdra de sa grandeur par la même occasion.

Finalement le parcours de Mass Effect commence comme celui du jeu d’assassin d’Ubisoft : un premier jeu sorti en 2007 puis un deuxième à l’hiver 2009/2010 mais là où le studio québecois à accélérer le rythme, Bioware maintiendra le cap. Deux ans entre chaque jeu pour construire sa trilogie, pas de spin off, alors bien sûr on trouve quelques DLCs par ci par là, mais rien d’équivalent aux opus Brotherhood ou Revelation de la franchise Assassin’s Creed. Nous voilà donc en Mars 2012, deux ans après Mass Effect 2, nous allons retrouver Sheppard, qui après avoir sauvé la Citadelle et détruit les Récolteurs, va commencer sa plus grande quête : sauver la Terre et en chemin sauver la galaxie de l’invasion d’une race extraterrestre robotique. Après un premier bon épisode, le deuxième laissait un peu de côté les aspects classiques du RPG pour se recentrer sur l’action sans toutefois réussir à rendre dynamique cette nouvelle facette du jeu. Bioware rend aujourd’hui sa dernière copie, sur le papier c’est le retour de certains éléments de RPG tout en améliorant la partie action du jeu. Le pari est-il réussi ? Voyons ce que nous propose cet ultime volet des aventures de Sheppard.

C’est l’histoire d’un mec ou d’une femme, car dans Mass Effect on vous propose toujours d’incarner John ou Jane Sheppard, mais au-delà de ce choix cela reste une histoire, l’histoire du soldat Sheppard, celui sur qui repose maintenant le sort de la galaxie et de la Terre. L’aventure reprend quelques temps après la fin du deuxième épisode, vous êtes de retour sur Terre pour vivre en direct son invasion. Ni une ni deux on vous confie en tant que symbole de rallier toute les forces de la galaxie sous une seule bannière pour lutter contre l’envahisseur. Le sentiment d’urgence qui apparaissait à la fin du deuxième épisode est ici renforcé et intervient dès le début du jeu. Il ne s’agit plus de sauver des amis ou son propre équipage mais bien de libérer tout le monde, une course folle contre la montre en somme. Dans les faits, Sheppard se retrouve une fois de plus à la tête du Normandy et voguera de système en système pour recruter compagnons, alliés mais aussi des ressources. En somme tout ce qui peut être utile dans l’effort de guerre. Si Mass Effect 3 reste un jeu de rôle au même titre que ces prédécesseurs, il fait néanmoins partie de la famille de ces jeux difficiles à classer, tant les phases de gameplay sont différentes et variées.

Classé dans les jeux de rôles (partie sur laquelle je reviendrais volontairement plus tard), la série des Mass Effect est clairement orientée action et cela de manière plus importante depuis le second épisode, où le jeu prend carrément des allures de TPS à la Gears Of War. Si dans le deuxième tout n’était pas hyper sexy, il faut avouer que Bioware a bien bossé. Plus nerveux et plus rapide, la fluidité sera au rendez-vous. Le feeling des armes est bon et la visée tout ce qu’il y a de plus correcte, ces quelques détails accompagné de nouvelles animations et un peu de souplesse dans les déplacements changent complètement la donne. Le tout est soutenu par une IA bien meilleure qu’auparavant.

Les ennemis restent à couvert, vous contournent, se regroupent, attendent, pour finalement vous forcer à sortir et vous canarder. Finalement ces quelques « détails » en comparaison aux épisodes précédents font toute la différence. Surtout qu’au niveau de difficulté normal le jeu amènera son lot de challenge car même si vos boucliers se rechargent vite, ils peuvent tomber tout aussi vite et notre héros n’est définitivement pas à l’épreuve des balles. Les développeurs ont su corriger le problème d’équilibrage du précédent volet (qui était bien trop facile par défaut) pour nous fournir un titre bien dosé et une difficulté progressive.

Je sais, cela parait bizarre, mais Bioware déclaraient ramener l’essence des jeux de rôles dans Mass Effect 3, et ils nous servent ici un très bon jeu d’action. Mais si la partie action est poussée, sachez d’ores et déjà que cela ne les a pas empêché de se plonger sur l’aspect JDR de la licence. Il y a souvent ces discussions sur « qu’est-ce qu’un jeu de rôles », certains estiment que s’il y a des arbres de compétences c’en est un, d’autres estiment que cela n’est pas obligatoire, que les statistiques et l’inventaire suffisent, et d’autres encore expliquent que l’essence du jeu de rôle se situe dans sa narration et l’éventail des choix qui s’ouvre aux joueurs pour justement jouer son rôle.

Dans Mass Effect 3, il y a un peu de tout ça, l’arbre de compétence est de retour sous la même forme que dans Mass Effect 2, chaque classe possède un set de compétences dans lequel vous distribuez vos points. Le soldat peut par exemple monter des compétences lui permettant d’améliorer ses munitions en munitions incendiaires, anti-grav etc.. chacune produisant des effets particuliers sur les différents ennemis que l’on croise dans le jeu. A chaque palier nos compétences gagneront en puissance, mais arrivé au 4iéme palier, des choix s’offrent à vous, vous pouvez améliorer certaines capacités comme le temps de rechargement du pouvoir ou de la compétence au détriment d’une montée en puissance.

L’inventaire, minimaliste pour notre plus grand bonheur, existe bel et bien dans le jeu. Mais il faut bien comprendre que vous n’avez pas accès à ce dernier en permanence, au début de chaque mission il vous est proposé de distribuer vos points de compétences (si vous ne l’avez pas fait pendant la dernière mission) et de choisir votre équipement, entendez par là votre armement. Pour nous accompagner dans notre périple, le jeu proposera d’un ensemble d’armes, toujours réparties en cinq catégories : pistolet lourd, fusil d’assaut, fusil de précision, fusil à pompe, et mitraillette ! Plus on avance dans le jeu plus on débloque de nouvelle armes dans chacune des catégories soit en les trouvant, soit en les achetant aux marchands de la Citadelle.

Sans compter que chacune des armes pourra être améliorée jusqu’au niveau 5 lors de votre première partie puis jusqu’au niveau 10 à partir de votre second run, améliorant à chaque fois ses caractéristiques. Mais ce n’est pas tout, en plus d’augmenter le niveau des armes, vous pouvez monter jusqu’à deux modifications sur chaque arme, améliorant une fois de plus ses statistiques. Ces bonus sont répartie en 5 catégories : le poids affectant la vitesse de rechargement des compétences ou pouvoirs, la capacité qui décrit le nombre de munition à la fois dans le chargeur mais aussi en réserve, la cadence de tir, les dégâts et la précision.

La nouveauté sur la gestion des armes vient finalement de leurs poids, plus votre équipement sera lourd et plus vos pouvoirs ou capacités seront longs à recharger. Inversement ne prendre qu’une seul arme légère avec soi vous permettra de gagner des bonus de rechargement. Parce que oui, au rayon nouveautés, Sheppard n’est pas obligé de se balader avec cinq armes plus une spéciale sur lui (ou elle). Il est tout à fait possible de n’emporter avec soi qu’un fusil d’assaut. Par contre les armes lourdes du précédent opus font leurs adieux, du moins dans la partie solo. Il est important de bien faire son choix avant de partir en mission, car vous n’aurez plus accès à votre inventaire, à moins de trouver une arme par terre ou un établi de modification. Autant vous dire que l’on n’en croise pas tous les 3 mètres. Bon résumons, nous avons l’arbre de compétences, l’inventaire et les statistiques, c’est donc un jeu de rôle ? Oui mais la fondation même du jeu de rôle ne se situe pas sur les derniers éléments cités mais bien sur la narration et les choix qui s’offrent aux joueurs.

Bioware nous sert une aventure profonde dans son univers, ses personnages hauts en couleurs et les choix qui nous sont proposés. L’univers de Mass Effect n’a jamais été aussi riche, que ce soit à travers les dialogues, les interactions de Sheppard avec ses compagnons et autres personnages du jeu ou encore toutes les discussions que vous pouvez surprendre entre les PNJs eux-même rendent le tout cohérent et riche en information sur les origines de chacun mais aussi leurs caractères car tout dans Mass Effect 3 rend l’univers plus vivant que jamais. Si finalement il y a peu de nouveaux arrivants dans l’histoire, on prend un vrai plaisir à retrouver toutes les personnes que l’on a croisé dans les épisodes précédents amis comme ennemis, à condition bien sûr d’avoir fini l’aventure en les gardant en vie.

Ce qui était une force dans le premier devient un véritable atout de ce troisième opus. Vos sauvegardes de Mass Effect 2 peuvent être importées dans le 3, permettant de continuer l’aventure là où on l’avait laissé, et les choix des épisodes antérieurs sont bien sûr aux rendez-vous, des choix moraux structurant l’histoire, aux petits détails insignifiants du premier jeu. Même si la trame principale de l’histoire ne change pas, plein de petits clins d’oeil et embranchements dans l’histoire pourront varier d’un joueur à un autre, ce qui rend une partie de Mass Effect 3 si unique.

Ce sentiment de propriété de l’histoire et l’immersion du joueur dans l’histoire renforce encore une fois la difficulté des choix qui lui sont proposés. D’une rare intensité émotionnelle, Mass Effect 3 risque comme pour votre humble serviteur d’être le premier jeu à vous faire verser une larme. Certains lui reprocheront l’ambiguïté des choix, se disant que justement ce n’est pas clair, « si je choisis telle ou telle action quelles en seront les conséquences par rapport à ce que j’avais prévu ? » sera la question récurrente, je vous dirais alors que tout est une question de foi, avoir foi en ses choix devient alors le meilleur moyen de les assumer pleinement, retenez juste que le jeu vous pousse dans vos retranchements, « vous ne pouvez pas tout contrôler » semble être le mot d’ordre.

Autre élément qui fait son retour dans cette nouvelle version, le Scan. S’il ne nous avait pas emballé plus que ça dans le deuxième épisode, il devient moins rébarbatif et plus incontournable, car si quelques trouvailles alimentent le joueur en crédits, la majorité des découvertes sont là pour augmenter les ressources de guerre. Les ressources et la guerre justement, seront au cœur du jeu. Si la trame principale vous guide sur les recrutements principaux, il sera utile d’effectuer toute une série de missions « annexes » pour améliorer vos chances lors de la bataille finale et débloquer toutes les fins possibles. Il faudra aussi fouiller un peu partout lors des missions pour récupérer renseignements, ressources, ou autres inventions pouvant augmenter votre puissance militaire symbolisée dans l’interface de guerre à bord du Normandy.

La musique n’est pas en reste sur cet épisode, chaque instant de votre partie est accompagné par une musique appropriée, qui change en fonction de l’urgence du moment, ou des sentiments que l’histoire essaye de vous transmettre. Technique finalement simple et classique dans le jeu vidéo mais rudement efficace, surtout que la bande originale est tout simplement magnifique et s’accorde parfaitement à toutes les situations. Après l’histoire, le shoot, le RPG et la musique, on doit logiquement vous parler de la durée de vie. Mass Effect 3 ne s’arrête pas à sa campagne solo et sa trentaine d’heures, car pour la première fois dans la série les petits gars de Bioware ont décidé d’implémenter du multijoueurs. Un seul mode en escouade de quatre joueurs nous est proposé. Vous devez y survivre face à dix vagues successives d’ennemis de plus en plus puissants et nombreux pour au final vous échapper lors de la onzième et dernière vague.

Mais ça ne s’arrête pas là, toutes les 3 ou 4 vagues il vous est demandé d’aller accomplir un objectif, le type d’objectif et sa localisation ne sont pas définis de manière fixe et changent d’une partie à l’autre. Si vous ne remplissez pas l’objectif avant la fin du chronomètre, la partie s’achève. Vos buts peuvent varier de la capture de site (quatre en tout à chaque fois) en passant par l’élimination de cible prioritaire, ou encore le piratage d’une zone de la carte. Bien entendu, tant que votre objectif n’est pas accompli les ennemis ne s’arrêteront pas de réapparaitre sur vous et de vous attaquer. Sacrément addictif, la partie multi ressemble à un free2play, avec ses packs d’équipements aléatoires que vous achetez avec l’argent ramassé récolté en mission mais aussi avec des Biowares Points que l’on achète avec du vrai argent.

Conclusion

Chassez vos doutes et vos craintes, Bioware est bel et bien de retour après un Dragon Age 2 relativement mitigé, le développeur canadien prouve encore une fois son savoir-faire et sa maitrise de l’écriture. Seul ombre au tableau, les micro-transactions du mode multijoueurs et l’abus du DLC Day One, même si ce dernier a été plus ou moins justifié par les équipes de développement. Mass Effect 3 est tellement riche qu’on aura passé sous silence dans ce test une foule de détails tel que les options qui vous permettent de choisir la langue du jeu et les sous titres, le retour des romances, de la présence des Moissonneurs sur la carte galactique ou encore de la fin du jeu qui ne plaira pas à tout le monde. Alors bien sûr le jeu aura ses détracteurs, ceux n’ayant pas fait les précédents opus pourront rater un peu de l’esprit Mass Effect mais sur les 30 heures (en moyenne) de l’aventure solo, je ne me suis jamais ennuyé une seule fois. Et c’est là son plus fort argument. Ce que je retiens finalement du titre, c’est son fort potentiel émotionnel, et quand il y a six mois nous étions ressortis de la démonstration faite lors de la Gamescom 2011, on ne s’y était pas trompé et Electronic Arts non plus, Mass Effect 3 vous plongera à coup sûr dans l’aventure la plus prenante qu’il vous sera donné de vivre dans un jeu vidéo.

Note globale

★★★★★

Delva, Responsable programmation podcasts et animateur

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2 réponses à “Mass Effect 3 en test, action et émotions”
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