Test Drive Ferrari Racing Legends en test, boucherie chevaline

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Il y a longtemps, en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre comme dirait le grand Charles Aznavour, naissait la série des Test Drive sur Amiga. Plus de deux décennies plus tard qu’en reste-t-il ? Une série de jeux de conduite automobile passant du génie aux bouses vidéo-ludiques les plus infâmes que ma mémoire de joueur est connue. Après un retour fracassant aux accents exotiques avec Test Drive Unlimited il y a quelques années et sa suite beaucoup moins glorieuse, c’est au tour de Ferrari Racing Legends de trouver sa place et son public dans les rayons des magasins du monde entier.

A voir la boite, nul doute que service marketing a mis le paquet. De superbes photos mettant en scène le fleuron de la marque au cheval cabré, une accroche fracassante : « l’expérience de pilotage ultime pour les fans de la marque ». Que demander de mieux ? Bah peut-être d’éviter de se foutre de la gueule du client… oui, ça, ce serait déjà pas mal en fait. Ne tournons pas autour du pot pendant des heures, la seule chose « ultime » qu’ai bien pu réussir ce nouveau Test Drive fut de me mettre dans une colère noire durant la vingtaine d’heures que dura mon supplice. Ah ça va mieux. J’avais besoin de le dire, voir même de le hurler mais à l’écrit ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus évident. Bref, maintenant que je peux enfin réfléchir correctement nous allons voir pourquoi ce titre des studios Slightly Mad est un gâchis sans nom. Amis lecteur, toi qui me trouvais peut être dur et sans cœur, sache qu’aujourd’hui ce sera encore bien pire. Regarde et tremble car en ce moment, Shyn n’est plus. Seul reste mon double maléfique, aux funestes intentions : Whyn ! Mama mia !

Pourtant, au lancement, tout avait bien commencé. Un mode carrière promettant de revivre l’intégralité de la splendeur de la marque, du jeu en multi sur le Xbox Live. Tout ce qu’on attendait d’un bon jeu de simulation de course automobile moderne. Malheureusement, la déception se fait sentir dès l’entrée en mode carrière. En fait, en guise de carrière, c’est plutôt une succession d’épreuves prenant place dans un passé plus ou moins éloigné à laquelle nous avons à faire. Inutile d’espérer se sentir progressivement devenir un véritable pilote de course adulé ou de devoir gérer ses contrats de plusieurs millions de dollars, car cela n’existe tout simplement pas. Bien sûr, ces épreuves, réparties en trois catégories chronologiques ont toutes un ersatz de scénario censé nous faire vibrer au son des moteurs, mais, manette en main, on a surtout l’impression de se coltiner indéfiniment les permis de Gran Turismo… et ça n’a jamais été vraiment fun, même dans le jeu original.

Concrètement, on devra faire exploser le chrono pour réaliser le meilleur temps au tour, dépasser un certain nombre d’adversaires, etc… tout cela en suivant une trame scénaristique vaseuse et totalement inintéressante. De temps en temps, on sera récompensé par le déblocage d’une voiture qu’il sera alors possible d’utiliser lors de courses simples ou en multijoueur. Graphiquement, on sera accueilli, lors des courses de l’âge d’or, par un joli effet de couleur sépia, s’estompant progressivement. C’est probablement la seule spécificité esthétique intéressante puisque le jeu en lui-même oscille entre le médiocre et le franchement laid, voir immonde, à l’instar des réflexions sur la carrosserie inexistantes donnant un aspect plastique du plus mauvais goût à nos bolides hors de prix. Si la marque avait proposée des modèles au carénage plastique pour la modique somme de 180000 euro, je ne suis pas sûr qu’elle ait pu devenir la légende que nous connaissons aujourd’hui. On se bornera donc à piloter en vue intérieure pour éviter de s’abimer les yeux.

Finalement même pas, puisque le tableau de bord manque, lui aussi, cruellement de détails et qu’au lieu de matières pétrolières peu nobles, on aura cette fois l’impression d’être dans un cockpit de carton, colorié à la va-vite par un enfant de cinq ans. Les décors, quant à eux, sont tout juste corrects et retranscrivent plus ou moins le pays qui nous accueille. Les couleurs sont fades, les réflexions sur les rares étendues d’eau sont atrocement brouillonnes et font penser à un bug de texture sur NES lorsque la poussière avait envahie le connecteur de votre cartouche (ah quelle belle époque). Tout juste quelques péquins, au bord des pistes, affreusement modélisés à la serpe par un paysan borgne vous donnerons l’impression que vous courrez pour le titre mondial. Notons également le clipping qui pour un jeu sortant en 2012, quand même, est hallucinant, nous renvoyant au tout premier Ridge Racer et le tout baigne dans un étrange flou artistique digne d’une Nintendo 64.

Bref c’est pas l’extase oculaire et que dire des bruitages se ressemblant tous plus ou moins, comme une déclinaison du même sample de moteur à la compression étrange, qui, couplé avec une physique qui ne change pratiquement pas selon que les modèles soient récents ou non, efface totalement le plaisir du changement de véhicule que l’on aurait dut naturellement ressentir vu la prestigieuse marque utilisée. De plus, foncer à 200km/h contre un mur n’abimera aucunement votre voiture. Ah si seulement Ayrton Senna avait eu le même modèle… En même temps, j’aurais dut m’en douter, à part quelques exceptions comme le fabuleux Ferrari 355 sur la non moins fabuleuse Dreamcast, rare ont été les jeux affublés du fameux cheval cabré pouvant prétendre à être bons. Tout cela pourrait être oublié si, au moins, Test Drive Ferrari Racing Legends parvenait à capter le joueur par la profondeur de son gameplay, mais non.

De ce côté-là, nous sommes encore une fois dans une apologie au classicisme puisque toutes les mécaniques de jeu semblent avoir été directement inspirées par Forza Motorsport qui, lui, a au moins le mérite d’être passionnant. La complexité du pilotage consistera donc à suivre une ligne verte, changeant de couleur selon que votre vitesse est plus ou moins appropriée au tracé de la piste et à l’obtention de la courbe parfaite, le tout, assisté ou non, laissant, dans le pire des cas, la console freiner à votre place. Voilà, on a fait le tour du gameplay, il est tout à fait possible de réaliser un tour parfait en scotchant le bouton de l’accélérateur, je le sais, je l’ai fait, c’est fabuleux non ? La physique des véhicules est correcte sans plus et ne transportera pas l’aspirant pilote dans le déluge de sensations métaphysiques qu’il était en droit d’attendre. Même avec un volant branché, le tout reste ennuyeux à pleurer. Pour tout vous dire, durant cette vingtaine d’heures, je ne pourrais pas compter le nombre de fois où j’ai prié pour que ma console prenne subitement feu pour, enfin, avoir une bonne raison de l’éteindre.

Conclusion

Vous l’aurez compris, Test Drive Ferrari Racing Legends est un jeu fabuleux, méritant sa place au Panthéon des sommités vidéo ludiques et… oui bon, ce jeu est une catastrophe que je ne saurais que vous déconseiller d’acheter malgré la marque fabuleuse en couverture. Néanmoins, certains y trouverons probablement leur compte dans cet aspect simulation, somme toute, correct et c’est précisément ce point qui sauvera la note finale du néant abyssal. Et puis qui sait, si jamais vous avez soixante euros dont vous ne savez pas quoi faire… en fait non, prenez vos thunes, courrez acheter un bouquet de fleurs à vôtre copine qui supporte votre geekerie maladive ou, je ne sais pas, donnez les moi ou bien même, achetez un autre jeu que celui-là… ce sera le meilleur conseil que je puisse vous donner.

Note globale

★★☆☆☆

Shyn, Rédacteur

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