Euro Truck Simulator 2 en test, le Outrun relax

J’en avais marre qu’on me taxe de joueur Mainstream alors je me suis porté volontaire pour tester LA simulation de Noël 2012. C’est donc l’esprit amusé et plein de clichés trollesques que je lançais le téléchargement des maigres 512 Mo du jeu, de quoi être très sceptique sur le contenu, alors que les 30 Go de Battlefield plombaient ma connexion depuis 2 jours. D’entrée de jeu, on me demande de baptiser mon entreprise et de choisir un routier mâle ou femelle parmi un trombinoscope de belles têtes de winners. Impossible de rester sérieux, et vu que je ne conçois pas d’incarner un chevalier de la route sans une « mother-fucking » moustache, je te choisis toi, avec ta tête de glandu, désolé si tu fais (sûrement) partie de l’équipe des développeurs, et je t’appelle Gérard, comme tous les routiers. Je choisis enfin la difficulté Hardcore en faisant confiance à Renault pour m’équiper en camion. (Bim)

La vue cockpit est vraiment bien foutue

Première chose à faire : configurer les graphismes, très laids par défaut, et étonnamment corrects dès qu’on commence à solliciter nos cartes graphiques. Simulation oblige, il est proposé au choix d’utiliser la souris, le clavier, un Pad / Stick ou les derniers Volants / Pédaliers de type G27 et compagnie. La sensibilité de chaque axe se paramètre au poil. Une bière sur le bureau, le dernier bouton de mon jean détaché et le fauteuil en position relax, je lance ma carrière de routier et c’est parti mon kiki.

Les premiers mètres dans la cabine de pilotage ont un je ne sais quoi de magique. Tout se passe à cet instant précis. La qualité de la modélisation du cockpit, le bruit du diesel avec ses 450 chevaux et l’inertie du tracteur avec son chargement donnent la sensation d’être aux commandes d’un Destroyer. « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » comme dirait l’autre. On comprend instantanément l’intérêt de la multitude de rétroviseurs qui couvrent tous les angles morts, et on se glisse dans le parking d’un entrepôt en veillant de ne pas exploser les 7 mètres de remorques dans un virage. Faire son 1er kilomètre sans froisser de taule procure félicité et fierté. Ce tutoriel achevé, les affaires sérieuses commencent.

La campagne anglaise, où comment oublier régulièrement de rouler à gauche

Je suis invité à consulter les offres de livraison à travers l’Europe et de commencer à me faire la main sur les différentes marques de camions mis à ma disposition par les clients. En clair : je fais le chauffeur, et je choisis mes commandes en fonction de la proximité du point de départ, de la cargaison, de la destination, et du prix de la course. J’opte pour un Paris > Strasbourg et j’hallucine un peu sur la modélisation des environnements et des véhicules qui peuplent les routes. Les 300 kilomètres sont engloutis en une quinzaine de minutes, le temps défilant 20 fois plus vite que la réalité. A défaut de textures HD oufissimes et de paysages féeriques, la réalisation est saisissante de réalisme et on n’a jamais l’impression de traverser 2 fois la même portion de route sur les centaines de kilomètres de parcours, très beau travail vu le poids du jeu.

On taille la route en ville, dans les campagnes, qu’il pleuve ou qu’il vente. Tiens d’ailleurs, le rendu de la pluie et la nécessité des essuie-glaces sont une belle petite leçon pour Gran Turismo 5. Les cycles jour / nuit sont magnifiquement rendus, rouler de nuit sous la pluie battante ou fendre la brume plein phares au soleil levant est simplement jouissif. L’IA est très convaincante aussi avec des automobilistes qui manqueront de vous foutre dans la glissière en conduisant comme des branleurs et d’autres, sensibles aux difficultés de manœuvrer un 38 tonnes, s’arrêteront pour vous laisser passer avec un appel de phares lorsque vous attendez sagement à un croisement avec votre clignotant. En cas de carambolage, pas de déformations, si ce n’est quelques panneaux routiers arrachés, mais des dégâts mécaniques, des pannes, ou encore votre cargaison endommagée, qui amputeront nettement votre bénéfice.

Heureusement, mon chargement de légumes en conserves est intact

Les imprudences sont également sanctionnées, avec des radars de vitesse – heureusement signalés à l’avance – des radars de feux tricolores, et autres contraventions pour conduite en état de somnolence ou oubli d’allumer vos phares. Euro Truck Simulator 2 joue la carte de la conduite réaliste et responsable, ce qui n’empêchera pas de tenter quelques contresens et de ressentir des frissons en faisant des dépassements bien cavaliers par la bande d’arrêt d’urgence. Si vous en avez l’occasion, se rassembler sur un Mumble ou n’importe quel autre tchat vocal avec d’autres amis routier virtuels ajoute une vraie dimension supplémentaire. On se prend au jeu de la CB, et partager son expérience et ses galères de la route avec d’autres Gérards permet de rompre avec la solitude inhérente aux chevaliers de la route.

Les premières entrées d’argent permettent de contracter des emprunts pour réinvestir dans l’agrandissement de votre siège social, et d’embaucher d’autres conducteurs dans les pôles emplois croisés sur la route. Euro Truck Simulator 2 a son petit côté RPG avec l’achat de nouveaux camions plus puissants, l’acquisition d’accessoires pour vous faciliter la route, et la possibilité de peindre et accessoiriser votre camtar selon vos préférences. Les points d’expériences se redistribuent dans de nouvelles capacités : certificat d’aptitude à transporter des matières dangereuses, à effectuer de très longs trajets ou dans des délais très serrés… avec évidemment des primes à la clé. Bref, c’est en véritable gérant et conducteur de société de poids lourds que vous vous lancez à la conquête de l’Europe, du Nord de l’Angleterre, au fin fond du tiers monde de l’Europe de l’Est, comme la Slovaquie.

La bande son quant à elle est simplement la meilleure du monde, vu que c’est la vôtre. Les développeurs ont eu la brillante idée de laisser la possibilité d’écouter vos mp3, mais aussi les webradios de vos stations de radio préférées. Et ça, ça troue le cul parce que se pogner un Paris / Berlin limité à 90 km/h sans Virgin Radio, c’est pas très très dans l’esprit d’un professionnel de la route. Pour l’anecdote, je ne sais pas vous, mais le combo conduite de nuit / album Deadringer de RJD2 rivalise facilement avec une nuit avec Melanie Iglesias en matière de « hannnnn waiiiii ».

En cas de baisse de la vigilance, une petite sieste sur une aire d’autoroute s’impose

Conclusion

Bref, pour avoir été la risée des idiots de passage sur le Mumble Playitlive, dont un certain monsieur Tune qui affirmait je cite : « voilà typiquement le genre de jeu que je n’achèterai jamais », une heure avant de lancer la démo, et 12 heures avant de dégainer la carte bleue, je conclurai simplement par : l’essayer c’est l’adopter. Les mecs de SCS Software ont transformé l’essai en livrant un simulateur ludique et franchement bluffant. Je n’en attendais rien et j’ai déjà passé plus de 20 heures dessus. Une très belle surprise.

Note globale

ALu21, Rédacteur.