Scribblenauts Unlimited en test, bien plus que de simples mots

Les ricains de 5th Cell sont têtus. Ils ont sorti successivement Scribblenauts en 2009, puis Super Scribblenauts Les Enigmes de Maxwell toujours sur DS l’année suivante et enfin une version iOS sous-titrée Remix fin 2011. Après un petit détour par le TPS multi avec Hybrid, les voilà de retour à leur premier amour, le jeu de réflexion. On ne pourra donc pas dire qu’on découvre leur univers en lançant ce Scribblenauts Unlimited. Si la qualité de la traduction française des versions DS est discutable, le gameplay a fait ses preuves et s’est sans cesse enrichi de petites améliorations. Parfois discrètes mais souvent majeures et agrandissant la palette d’outils disponibles pour les cerveaux hyperactifs des fans, elles font de Scribblenauts un ovni qu’on a plaisir à relancer à chaque nouvelle itération.

Cette année, les développeurs lorgnent sur les fonctionnalités de la tablette Wii U et, ô bonheur, pensent aussi aux joueurs PC et leurs mains velues en sortant Scribblenauts Unlimited sur Steam. Console de salon et PC oblige, le jeu nous est proposé en « glorious » haute-définition, Maxwell et ses amis nous apparaissent donc bien plus clairement à l’écran, sans gros pixels qui tâchent et les couleurs sont éclatantes, c’est déjà un bon point. Mais bon, passons sur la partie technique, et attardons-nous sur l’essentiel du jeu : le gameplay et les nouveautés de ce quatrième épisode. On ne change pas une équipe qui gagne : il sera toujours question d’écrire des mots à l’aide d’un carnet magique, mots qui se matérialiseront en objets sous vos yeux ébahis. Les adjectifs sont de retour et en plus grande quantité, on n’a pas fini de s’amuser et de créer des monstres à partir d’objets et personnages de la vie quotidienne. Le dictionnaire s’est donc étoffé mais ce n’est pas tout. La grande nouveauté de Scribblenauts Unlimited est que vous pouvez maintenant modifier les objets via un puissant éditeur intégré au jeu.

Non seulement vous pouvez ajouter ou retirer tout ou une partie d’un autre objet existant référencé dans le dictionnaire mais vous pouvez attribuer des actions et réactions à vos productions. Mettons que vous vouliez créer un requin équipé d’un canon laser qui devient agressif uniquement lorsqu’il croise des humains, il vous suffit de le préciser dans l’éditeur de scripts. La quantité de variables disponibles pour chaque action permet de s’amuser réellement pendant des heures et de fabriquer des objets autonomes qui réagiront différemment selon l’environnement. Envie de partager ? Le Steam Workshop de la version PC accueillera avec plaisir vos personnages et objets et vous pourrez télécharger gratuitement les créations des autres. Le jeu étant déjà disponible depuis novembre sur le store américain, le Workshop regorge de chimères toutes plus stupides les unes que les autres : un Gabe Newell qui mange des hamburgers, le Chat-bus de Totoro, un masque pokerface, ou encore un creeper affamé tout droit sortit de Minecraft. Si les versions Wii U et 3DS ne permettent pas le partage d’objets, elles ont elles-aussi quelques spécificités.

Tout d’abord, le partenariat fort avec Nintendo a permis à 5th Cell d’intégrer les célèbres héros de Big N dans le jeu. Plus fort encore, ils réagiront entres eux. Invoquez un Link, offrez-lui une flute et il jouera la mélodie d’Epona pour appeler son fidèle destrier qui se matérialisera devant lui. Il ne vous reste plus qu’à balancer un Ganon en jeu pour que le combat entre le bien et le mal commence. Je vous laisse découvrir par vous même les interactions entre les autres personnages spéciaux. Vous pourrez ensuite combiner et utiliser ces objets vivants ou non pour résoudre des énigmes. Ainsi vous aiderez Maxwell, ses clones et les personnages hauts en couleur des mondes que vous traverserez à se sortir de situations inextricables. Ici, jouez au docteur urgentiste dans un hôpital, là sauvez l’équipage zombifié d’un bateau pirate en perdition, etc. Tout travail mérite salaire et en guise de remerciements, les personnages vous offriront des Starites et fragments de Starites. Car oui, les étoiles de Scribblenauts sont de retour.

Ici elles vous permettent de débloquer de nouveaux mondes sur la carte principale et de faire avancer l’anecdotique scénario. Pour collecter les précieuses étoiles, vous devrez réunir les x fragments de Starite ou participer à une ou plusieurs successions d’épreuves dans chaque niveau. C’est plus d’une dizaine de thèmes qui seront évoqués lors de votre périple avec à chaque fois un ou plusieurs niveaux, de la station de pompier au zoo paléontologique en passant par la maison hantée ou le désert brûlant. Pour plus de simplicité, le jeu vous propose une vision Starite qui met en surbrillance les éléments du décor qui cachent une étoile ou l’un des fragments à dénicher, un mode triche à réserver aux plus jeunes enfants. Enfin si vous vous sentez seul, la version Wii U propose un mode multijoueur drop-in drop-out dans lequel un deuxième joueur peut prendre possession de n’importe quel objet ou bonhomme à l’aide d’une Wiimote. Marrant pour transformer l’aire de jeu en un maelstrom dans lequel s’entrecroisent vos créations.

Heureusement en cas de problème, par exemple lorsqu’un PNJ essentiel à la réussite d’une énigme meurt – ce qui arrive régulièrement lorsqu’on a un minimum d’imagination et une bonne dose de sadisme – il vous est possible de réinitialiser le niveau en cours sans perdre les Starites déjà acquises. Enfin si vous désirez stocker des objets ou créations pour un accès rapide, un sac à dos fourre-tout est à votre disposition et accessible à tout moment. En ce qui concerne le dictionnaire et la traduction française, on oscille du très bon au vraiment pénible. Parfois le code de Scribblenauts nous surprend en exécutant parfaitement nos demandes mais le plus souvent il faudra s’y reprendre à plusieurs fois pour créer l’objet de ses rêves en jonglant avec les adjectifs disponibles. De plus, la traduction de quelques rares quêtes est assez approximative et on manque d’indices, du coup on tâtonne en invoquant tout et n’importe quoi avant de trouver la solution à l’énigme imposée.

Toujours dans les choses qui font grogner, il n’y a absolument aucun challenge dans le jeu. On se contente de résoudre des énigmes pendant toute notre aventure. Et pourtant, à de rares occasions, on sent une volonté d’apporter un petit plus, comme cette épreuve qui nous invite à nous échapper d’un asile en combinant imagination et agilité. C’est vraiment dommage que le concept n’ait pas été poussé un peu pour permettre de varier le gameplay. Alors oui messieurs de chez 5th Cell, nous sommes de grands enfants, mais tout de même !

Conclusion

Une fois de plus, ce Scribblenauts Unlimited ne fera pas l’unanimité. Pensé comme un bac à sable géant doublé d’un éditeur d’objets et de scripts diablement efficace, il amusera pendant de longues heures les joueurs les plus inventifs qui empilaient déjà des briques de Lego dans leur enfance et qui n’auront aucun mal à résoudre les énigmes de façon farfelue et à fabriquer les objets les plus incroyables. Néanmoins, quelques fausses notes inhérentes à la traduction française pourraient faire grincer des dents aux esprits les plus inspirés. Les autres seront forcément déçus et s’ennuieront rapidement, car un Scribblenauts ne se suit pas bêtement comme un jeu d’action scripté, il se vit et se nourrit de votre imaginaire.

Note globale

BiLLOU95, Rédacteur en chef