Soul Sacrifice en test, l’enfer sans drogue, ni rock’n’roll

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Il existe un être en ce monde qui, chaque jour, porte sur son dos le poids de la méchanceté humaine, de l’immondice tapie dans le cœur des gens toujours prompt à ressortir sous la forme d’une vanne amère ou d’un rire moqueur. Cet être malheureux c’est le possesseur de Playstation Vita. Lui qui a pourtant sacrifié une grosse partie de ses économies pour s’offrir ce que la technologie a fait de mieux, lui qui pensait retrouver un catalogue aussi fournit que sur les autres plateformes Sony et qui aujourd’hui doit regarder amèrement le listing fournit des sorties 3DS comme un somalien regarderait, le nez collé à la fenêtre, les restes foisonnant sur un plateau de MC Donald. Alors, quand enfin un titre digne de ce nom parvient jusqu’aux étalages ridiculement minuscules des magasins spécialisés français, c’est avec courage que le possesseur de Vita ose sauter le pas et afficher ses préférences vidéo ludiques car, oui, vous pouvez vous moquer, mais le prochain blockbuster communautaire ne sera pas chez Big N.

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Soul Sacrifice nous conte l’histoire d’un pauvre bougre, ou plutôt de ce qui l’en reste, mis en cage à quelques heures de son exécution par un maléfique sorcier surpuissant et avide de sacrifices rituels. C’est alors qu’une voix l’appelle. Cette voix n’est autre que celle de Librom, un livre dont la couverture semble représenter un visage démoniaque et qui, au fil de ses pages permettra à notre pitoyable héros de devenir un grand magicien à même de se confronter d’égal à égal à son bourreau. Voilà à peu de choses près le pitch du jeu de Marvelous AQL. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénario a en tout cas l’originalité de nous faire voyager au travers des chapitres d’un livre, comme autant de raisons à de nombreux combats en arènes.

Oui, car ici, ne vous attendez pas à de gigantesques dialogues, fruit d’un héritage RPG. Soul Sacrifice est avant tout un énorme beat-em-all ayant pour seule particularité d’être bourré de finesse dans la façon d’appréhender chaque combat. Ainsi, chaque action demandera une contrepartie plus ou moins importante au joueur. Au diable les armes de corps à corps. En enfer, seule la magie à sa place et la magie, c’est bien connu, ça se paie. Vous pourrez donc choisir six sorts différents avant chaque altercation. Chacun de ces sorts sera représenté par une offrande qu’il faudra sacrifier. N’espérez donc pas faire du buttons basting ou vous finirez vite en slip devant un effroyable cyclope, haut comme l’Empire State Building…

autant dire qu’avec cette méthode votre espérance de vie risque d’en prendre un sacré coup dans les parties intimes. Il faudra réfléchir et trouver la meilleure tactique, compte tenu des faiblesses de son adversaire pour le terrasser. Disséminés à l’intérieur des arènes, des points de recharge pourront être trouvés mais s’épuiserons bien vite contre les ennemis les plus imposants vous obligeant à recourir au sacrifice. Et c’est ici le point principal, à la fois le plus jouissif et le plus complexe du titre de Keiji Inafune, créateur entre autre, excusez du peu, des séries Megaman, Onimusha ou encore Dead Rising. Chaque ennemi n’est en fait qu’un mutant, fruit de l’environnement malsain et de ses propres rancœurs enfouies.

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Une fois vaincu, chacun d’entre eux vous permettra d’épargner ou de sacrifier leur forme initiale. Choisir la voie pacifique permettra d’augmenter votre barre d’expérience correspondante afin de devenir plus résistant mais vous octroiera également quelques précieux points de vie. Au contraire sacrifier un ennemi fera monter votre niveau de magie et de destruction tout en rechargeant légèrement votre stock d’offrande. Il faudra donc choisir selon le besoin du moment ou les perspectives d’évolution. Si ce genre de choix sera facile pour des ennemis popcorns n’amenant que peu de conséquences sur le déroulement des opérations, il en sera tout autre lorsque vous ferez face à un boss agonisant.

En effet, le sort que vous réserverez à ces monstres hideux mais finalement humains décidera de la suite du scénario et de vos alliances futures car chacun de ces pauvres bougres n’est autre qu’un puissant sorcier pouvant vous accompagner. Mais l’Ordre des sorciers n’aime pas la clémence et si vous optez pour le sauvetage, il y a fort à parier qu’il enverra bien vite quelques assassins vous régler définitivement votre compte. En ces temps sombres, chaque chose à son prix, même l’humanité. Il sera d’ailleurs également possible lors d’un combat mal engagé de sacrifier une partie de votre corps pour déclencher un sort d’une puissance apocalyptique, à même de terrasser un puissant ennemi et de renverser une situation.

Malheureusement, le prix de ce sacrifice sera énorme car il apportera de sérieux malus comme la baisse fulgurante de votre défense pour le sacrifice de votre peau, une gêne visuelle pour celui de votre œil etc… Ces paramètres ne seront donc pas à prendre à la légère avant d’appuyer sur le bouton rouge. Le déroulement de Soul Sacrifice se fera donc en quatre phases récurrentes : Le combat de monstres multiples, la recherche d’éléments (souvenirs ou fragments de magie), le combat de boss et le duel de sorciers. Heureusement, vous ne serez pas seul dans ce périple. Rapidement, dans le jeu en solo, vous pourrez choisir deux sorciers pour vous accompagner parmi une liste qui s’agrandira au fil de vos rencontres et selon les choix que vous aurez faits.

Sachez tout de même que les affinités avec les PNJ pourront s’améliorer selon le temps de jeu et les choix effectuer, permettant à vos compères de devenir plus efficaces au combat. Enfin, plus efficace c’est tout de même vite dit car l’intelligence artificielle de vos acolytes est loin d’être irréprochable. Pour être honnête, c’est même une catastrophe, puisqu’il passeront le plus clair de leur temps à se faire massacrer, vous obligeant à les réanimer en pleine phase d’action ou bien à les ressusciter après à l’aide de quelques larmes, véritable monnaie du jeu, fournies par Librom au fil du temps. Si la lassitude viendra forcément poindre le bout de son nez au bout d’un certain temps en solo, l’expérience se verra transcendée en multijoueur.

Vous aurez la possibilité de continuer votre périple mais cette fois avec de véritable joueur, vous laissant alors créer de véritables stratégies dignes d’un MMORPG. Techniquement, si le game design est extrêmement bien pensé et renforcera l’immersion dans cet enfer glauque et dérangeant, il faut bien avouer que nos craintes lors des différentes présentations du jeu se sont avérées fondées. Les textures semblent un peu grossières, les couleurs sont fades et l’aliasing présent. Ce ne sera donc pas la claque graphique que nous avions tant espéré. Néanmoins, une fois dans le jeu cela ne se ressent absolument pas et on est même impressionner par la fluidité devant des adversaires réellement impressionnant de par leur taille et ceci, même à quatre joueurs en réseau.

Car Soul Sacrifice est un jeu extrêmement dynamique et nerveux qui n’aurait pas supporté le moindre ralentissement. On est loin de la lourde frustration d’un Monster Hunter et de son action figée, dont je ne ferais pas ici le procès. Les musiques quant à elles sont magnifiques, bien que peu nombreuses et il n’est pas rare que certains airs nous restent en tête plusieurs heures après avoir éteint la console. La customisation visuelle et sonore des personnages est très classe et de très bon goût, et les éléments sont suffisamment nombreux pour que l’on puisse se sentir unique, même en multijoueur, d’autant plus que de nouveaux éléments se débloquerons au fil du temps.

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Conclusion

Vous l’aurez compris, Soul Sacrifice est un excellent titre que je ne peux que conseiller à tous possesseur de Playstation Vita. S’il ne sera probablement pas la killer App attendu, à même de faire vendre des cartons de console par paquet de douze, il n’en est pas moins un jeu addictif qui vous tiendra de nombreuses dizaines d’heures scotchés sur l’écran de votre portable. La narration est exceptionnellement maitrisée, le principe de réciprocité entre sauvetage et sacrifice est un délice et le jeu à plusieurs est tout simplement jouissif. Enfin un titre original et qui ne soit pas un portage quelconque sur la portable de Sony… Que vous faut-il de plus ?

Note globale

★★★★☆

Shyn, Rédacteur

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