Actual Sunlight en test, vis ma vie de dépressif

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Actual Sunlight fait partie de ces jeux vidéo qui n’en sont presque pas. Basant tout sur la narration, le peu d’interactivité n’a pour but que d’apporter de la narration. Pourtant le jeu de Will O’Neill est bien un jeu, car cette interactivité à une importance primordiale. Bienvenue dans le quotidien d’un dépressif. Dans Actual sunlight, vous allez vivre le quotidien d’un trentenaire obèse dépressif : il n’a pas d’ami, sa vie est d’une routine incroyable : métro, boulot, jeux vidéo, biture, porno et dodo. Tous les jours. La Joie. Enfin, pas trop. Chaque action, interaction déclenchera une pensée/un entretien avec un docteur/un entretien dans un talk-show télé qui permettra d’en savoir plus sur le personnage, laissant planer un gros doute quant à la fin du jeu, puisque l’un parle de suicide (les entretiens avec le docteur) et l’autre d’une réussite suite à un changement de vie complet (le talk-show).

Plutôt intrigant, on est rapidement happé par l’histoire, mais surtout par la réflexion de notre trentenaire. Ceci est dû l’écriture (et son excellente traduction française) qui est d’une justesse, mais aussi d’une violence incroyable. La violence ici n’est pas du tout représentée par de la violence physique, mais par la noirceur des dialogues. Sur les 2 heures/2 heures et demie que dure le jeu, l’ambiance générale du titre est très pessimiste. Que ce soit au réveil, sous la douche, au boulot ou devant sa console de jeu, notre petit trentenaire ne s’arrête jamais de cogiter sur sa situation et sur son manque cruel de force pour changer ainsi que sur l’image qu’à la société de lui. Là où Will O’Neill a réussi son coup est bien sûr ce point, que l’on soit dépressif ou non. L’une des scènes les plus marquantes pour moi est celle où l’on attend le métro.

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Nous serons amenés à jouer la scène trois fois, dans trois configurations différentes. Avec huit places assises. La première fois, trois personnes sont assissent, avec un siège de libre entre chaque personne. Dans celle-ci, vous aurez beau vouloir vous assoir à côté d’une personne, votre personnage ne voudra pas. La seconde fois, la situation et la même, mais de nuit. Cette fois-ci, les raisons de ne pas s’assoir à côté de quelqu’un seront toutes autres. Enfin, le lendemain matin, la station sera bondée, tel un moment de grâce sur la ligne treize de Paris en pleine heure de pointe. Il vous faudra jouer des coudes pour vous assoir sur l’unique siège disponible, encore une fois motivé pour une raison différente des deux premières. On retrouvera ce genre de situation à chaque réveil le matin, au boulot, où je m’attendais à plus de violence puisque notre personnage est obligé de communiquer avec son entourage dans un travail qui l’ennuie profondément.

D’ailleurs, on y retrouvera les archétypes typiques d’employés de bureau (le quarantenaire qui bosse à n’en plus pouvoir, la collègue sympathique qui vous sourit, celui qui n’en glande pas une, etc.). Parmi le casting, il n’y a vraiment qu’un personnage, que je n’ai pas cité pour laisser un peu de surprise, qui est vraiment intéressant et attachant.

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Conclusion

La question que je me suis posée lorsque j’ai terminé le jeu est « à qui est adressé le jeu ? » Question à laquelle on arrive obligatoirement, puisqu’au début du jeu, lorsque vous sortez de votre appartement, vous croisez le développeur du jeu, qui vous engueule, vous prévient que le jeu n’est pas pour tout le monde. Je vous garantis que la rencontre avec celui-ci est des plus étrange est déstabilisante. Je pense qu’il a en partie raison. Non il n’y a pas besoin d’être dépressif, gros, seul, geek, alcoolique pour comprendre Actual Sunlight, ou du moins être suffisamment sensible pour se poser des questions, même si elles n’ont pas de réponse. Par contre, comme le suggère Will O’Neill, il faut avoir du vécu, qu’il soit bon ou mauvais, pour pouvoir se poser les bonnes questions, qu’elles aillent dans le sens du jeu ou non. Est-ce que jeu vous changera ? Je ne pense pas, ce n’est pas le but, pourtant il offre tout de même une belle leçon d’humanité, mais le genre de leçon qu’on ne veut pas recevoir.

le_crim, Rédacteur et animateur

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