Bound By Flame en test, le nouveau caprice de l’araignée

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Il y a des moments où l’on ne sait plus vraiment, des moments où l’on doute. En effet, Bound By Flame le dernier né des studios parisiens Spiders est déjà sorti depuis quelques jours à l’heure où je rédige ces quelques lignes et force est de constater que la critique ne s’est pas montrée très tendre avec lui. Intrigué de connaitre l’avis de mes confrères salariés, j’ai donc lu, parfois en travers, ce qui ressemble fortement à une vraie lapidation en public. Pourtant, après avoir retourné l’intrigant action-rpg dans tous les sens, il me semblait que l’on avait vu bien pire, même si effectivement, Bound By Flame mérite une bonne partie de ces critiques, il ne mérite aucunement cet acharnement.

L’histoire viendra nous narrer les aventures de Vulcan, un mercenaire appartenant à une compagnie se vendant au plus offrant. Alors que le monde est sur le point de disparaître sous les coups meurtriers des Seigneurs de givre, une armée de morts vivants comme on peut en voir dans presque tous les univers dark-fantasy, notre héros et ses rares compagnons ont la lourde tâche de protéger une petite troupe d’érudits, représentant potentiellement la dernière chance de salut. Malheureusement, lors d’un rituel occulte, un étrange démon décidera d’élire domicile dans le corps de Vulcan, lui octroyant d’incroyables pouvoirs pyrotechniques, ainsi qu’un penchant prononcé pour la schizophrénie. Dès les previews, cette dualité de Vulcan et de son invité nous avait intrigués, voir même attirés par les possibilités et les choix qu’elle semblait amener.

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Si effectivement, choix il y aura, ils n’auront malheureusement rien de Cornélien et le gros du problème sera de savoir si vous désirerez laisser s’exprimer le monstre qui est en vous afin d’accroitre les pouvoirs magiques de notre héros ou bien au contraire, garder intacte ce qu’il vous reste d’humanité et prendre, par ce biais, la voie des armes. Voilà, c’est tout… C’est loin d’être folichon, mais ne jugez pas hâtivement, car cela recèle tout de même un certain charme. On ne va pas se mentir, on avait espéré bien mieux de la part de Spiders, surtout après le sympathique Mars War Logs qui, s’il n’avait pas révolutionné le genre, avait eu au moins le mérite de compenser la pauvreté de sa technique par la justesse de son écriture, à même de séduire les fanatiques de science-fiction accrocs aux romans de Philip K. Dick. Ici, n’espérez grand-chose.

Les textes sont plats et inintéressants pour la plupart. Les pseudo-suspens et les trahisons en cascade sont toutes dignes du « captain obvious effect » et n’ont de cesse de nous renvoyer à la médiocrité des PNJs, tous plus insipides les uns que les autres. Pire, alors que le constat n’était déjà pas reluisant, la vulgarité des textes, qui d’ailleurs n’ont même pas été doublés, mais uniquement sous-titrés en français, est tout simplement hallucinante et, en tout cas, proprement hors de propos. Techniquement, ce n’est guère mieux et on peine à croire que le tout tourne sur une Playstation 4 toute neuve, tant les modélisations semblent coupées à la serpe. Même notre ami le clipping semble avoir été invité à la fête alors que la distance d’affichage n’a vraiment rien d’extraordinaire. On sent que le développement a glissé vers cette plateforme en cours de production tant le moteur pourrait tourner sur Playstation 3.

Heureusement, la direction artistique tire son épingle du jeu en créant malgré tout une atmosphère froide et oppressante. Les monstres, même s’ils ont la fâcheuse tendance de se répéter, sont réellement immondes, dans le bon sens du terme. Les chairs en putréfaction sont bien rendues malgré le peu de polygones et leur dangerosité les rend charismatiques. D’ailleurs, cela nous amène à un autre défaut : Bound By Flame se joue en mode Easy. En fait le jeu est tellement mal dosé au niveau de sa difficulté que tenter d’augmenter le niveau de jeu se terminera forcément par une envie irrépressible de défenestrer tout ce qui vous entoure, du joli pad à prix jusqu’à Puppy le petit chien qui vous aimait tant. Mais alors, me direz-vous, qu’est-ce qui peut bien rendre, ce qui semble être une véritable daube, attachant ? Et bien mes amis, tout le reste. Le système de combat tout d’abord.

S’il n’est pas le maitre étalon de tactique que l’on nous avait promis à demi-mot, il n’en est pas moins dynamique et accrocheur. Vous aurez ainsi la possibilité de combattre selon trois styles différents, la posture du guerrier, lourde et lente, mais octroyant de plus gros dégâts, la technique des dagues, propre aux furtifs voleurs à la rapidité démoniaque et bien entendu, la magie du feu propre au démon qui vous habite. Tout ceci combiné changera le cours des hostilités selon le type d’ennemis rencontré. Bien sûr, nous sommes encore à des années-lumière d’un Dark Souls, mais l’amateur d’action y prendra assurément du plaisir et c’est bien cela qui importe. Le système de fabrication d’éléments et d’améliorations est lui aussi fort sympathique. Tout ou presque peut se créer à partir de ce que vous aurez récolté à gauche et à droite.

Le level design se résumant à une suite de couloirs sans aucune liberté, seul le système de craft permettra de ne pas succomber à l’ennui. D’ailleurs il le fera d’une fort belle manière puisqu’il se révèle comme le véritable moteur des incessants allers-retours. L’augmentation des caractéristiques d’armure et d’armes se fera de la même manière, à la différence près que vous pourrez réellement contrôler la voie dans laquelle vous souhaitez vous spécialiser. C’est au joueur et à lui seul de choisir s’il veut se protéger de la magie ou bien augmenter ses coups critiques… cela peut paraître peu, mais suffit à rendre l’expérience attrayante durant la petite quinzaine d’heures que durera le périple de Vulcan et ses compagnons de fortune.

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Conclusion

Alors oui, Bound By Flame n’est pas le jeu de l’année et je réalise qu’au long de ce test je n’ai vraiment été dithyrambique à son sujet, pourtant, il propose une aventure sympathique qui, si elle est loin d’être indispensable, saura vous charmer pour un court instant. Bien sûr, sur Playstation 3, la production de Spiders serait, au mieux, passée inaperçue, mais devant l’immensité de vide proposée sur Playstation 4 il reste agréable de traverser l’angoissant monde de Vulcan, ne serait-ce que pour une petite quinzaine d’heures. Toutefois, on attend vraiment mieux de la part du studio français et on espère grandement qu’ils sauront rectifier le tir pour leur prochain titre, en évitant les écueils de la copie à outrance.

Note globale

★★★☆☆

Shyn, Rédacteur

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