Spintires en test, Embourbement Simulator 2014

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À l’origine une démo technique lauréate d’un concours Intel, Spintires fait partie de ces projets Kickstarter rondement mené. La démo bien huilée et les promesses ont achevé de convaincre les 1847 backers dans l’intérêt d’investir dans le projet off-road des anglais d’Oovee Game Studios en juin 2013. Un an plus tard nous pouvons enfin tâter la version finale.

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Spintires est une simulation de tout terrain sans concession où la boue est votre pire cauchemar. Rien à voir avec des courses débridés à la Motorstorm ou le Paris Dakar. Vous êtes catapultés en chauffeur de camion russe bien imbibé, paumé dans la taïga russe des années 80/90 et devrez vous frayer un chemin parmi les circonvolutions terreuses de pistes, marécages et ruisseaux à un rythme de 15km/h. Pour ce faire en toute beauté le VeeEngine est là pour assurer le spectacle avec un modèle d’interaction très poussé entre l’eau, la boue et les véhicules. Les paysages sont bien rendus avec une belle végétation, mais ce qui laisse pantois c’est la déformation de la boue en temps réel sous vos grosses roues accompagné de la danse de toutes les articulations de votre engin sur le relief. Bon ok parfois les textures de terre se déforment trop au point d’être moches avec certaines jointures disgracieuses, mais 90% du temps ça passe très bien tout en restant très fluide.

Le cycle jour/nuit est sympathique et apporte des levers et des couchers de soleil chatoyants. Les véhicules sont tous issus du monde réel des routes ou plutôt pistes russes et sont bien modélisés mais ils sont malheureusement dépourvus de conducteurs. Les ronflements des moteurs sont particulièrement bien rendus mais pas de Cheri FM à l’horizon, il va falloir se contenter du chant des oiseaux et du bruissement des feuilles. D’entrée de jeux les six cartes sont parcourables, mais attention le jeu ne gère la progression que sur une seule à la fois. Une fois un niveau lancé il faudra s’y tenir sous peine de tout perdre. Les cartes se situent toutes dans le même environnement forestier et c’est dommage vue la variété des paysages slaves. On démarre près d’un garage avec un ou plusieurs véhicules à disposition. Tout les camions n’ont pas la même résistance, motricité, seuil de franchissement, poids et ils ont chacun plus ou moins leur utilité.

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Du ZIL 130 à propulsion tout rouillé jusqu’au MAZ 7310 de 26 tonnes armé d’une transmission 8×8 il y a tout un monde. On trouvera des engins de transport, de réparation, d’essence, de dépannage et même un petit 4×4 un brin fragile qui se faufilera facilement dans les endroits inaccessibles aux mastodontes. Ce beau petit monde disposera en série d’une boite 4 vitesses identiques, d’un différentiel pour les côtes, de treuils pour s’extraire de la boue, d’un mode 4×4 (à l’exception du ZIL) et d’un frein à main. Et vous allez bien avoir besoin de tout ça pour parcourir les torrents de boue qui parsèment le jeu. Vous allez vous embourber et très fréquemment, apprendre à redouter les ornières et à les haïr car elles vont tout faire pour stopper net votre allure d’escargot. Une fois enlisé vous allez vite creuser votre tombe à grand coup d’accélérateurs maladroits. C’est ce qui fait le sel du jeu et le rends ardu et punitif.

Si vous êtes masochistes le mode simulation vous met encore plus de boue dans les roues, vos véhicules sont plus fragiles, plus gourmand en carburant et non téléportables au garage, si vous êtes dans la merde il faudra s’en sortir soit même. Le treuil vous dépannera dans la plupart des cas, son activation se fait en activant un menu avancé qui vous permettra de tisser un lien entre un point d’accroche et votre véhicule, le soucis de ce menu c’est qu’il bloque aussi les commandes de votre véhicule. Il faut donc basculer en mode avancé, tracer le filin à la souris et repasser en mode normal pour continuer à avancer ce qui est un poil lourdingue quand vous vous empêtrez pour la 15ème fois de suite. Le treuil est à manier avec précaution, car il est très facile de se retourner dans le jeu, c’est même très surprenant de voir son 10 tonnes faire un roulé boulé suite à un caillou mal négocié. En plus de la terre, l’eau sera aussi un élément à craindre, le jeu propose des passages à guet où il faudra bien faire attention à ne pas noyer le moteur au point de caler et de le ruiner. Il est possible de casser les arbustes si votre camion est suffisamment costaud, par contre attention à ne pas prendre trop de dégâts.

Votre garage de départ vous permet d’équiper les extensions que vous avez déjà débloqués. Pneus, remorques, grue, citerne, outils, vous pouvez trimballez tout le nécessaire pour remplir vos objectifs. Le principal est de transbahuter 8 unités de bois aux deux points d’objectif, mais comme la carte est masqué par du brouillard il est recommandé de l’explorer afin de la dévoiler en allant au centre de ces zones inconnues. Pour vous orienter vous disposez d’une boussole et d’un GPS sommaire permettant de marquer un point sur la carte. Au cours de votre exploration vous pourrez déverrouiller d’autres véhicules et d’autres garages pour peu que vous ayez le bon chargement comprenant des “points de garage”. Pour mener à bien ce programme palpitant vous allez continuer à manger de la boue à toutes les sauces, vous embourber, vous tracter, vous treuiller, vous retourner et faire une quantité impressionnante d’aller retour plus ou moins pénibles. La boue est à la fois une force est une faiblesse, c’est ce qui rend le jeu pointu et intéressant mais elle rend les trajets lents et poussifs.

Le jeu possède une aura particulière et tout le monde sera loin d’accrocher au concept du camionneur russe en rade. La caméra perfectible curieusement placée est assez pénible à manipuler pour regarder les alentours du véhicule lors des situations délicates, on aurait préféré une gestion de la caméra à la Eurotruck Simulator qui est beaucoup plus complète. En effet il manque une vue plus éloignée, une de capot et une de cockpit. Le jeu n’est d’ailleurs pas encore à l’heure actuelle compatible volant et boite de vitesse. C’est vraiment dommage pour un jeu qui se veut être un simulateur. Le multijoueur est à l’heure actuelle la même chose que le solo, sauvegarde de la progression en moins et bug à l’apparition des joueurs en plus. Les développeurs ont conscience de ces problèmes, à voir comment ils vont les gérer. Le modding est assez actif grâce à un code assez ouvert et permet à la communauté de proposer d’ores et déjà quelques véhicules intéressants parfois plus fun que ceux d’origine et de nouveaux terrains de jeu.

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Conclusion

Spintires est un jeu original que l’on adore ou que l’on déteste. Trimballer du matos dans la taïga russe avec une simulation de boue très avancée est une idée séduisante mais je pense que tout le monde n’accrochera pas au concept. Les soucis de caméra alcoolique entachent le gameplay et rendent les situations d’enlisement encore plus pénibles. Ne vous laissez pas emporter par la hype, vu la somme demandée essayez la démo technique avant d’investir, elle contient un bon aperçu du concept et vous saurez bien assez tôt si vous accrochez ou pas.

Note globale

★★★☆☆

Batou, Rédacteur

Commentaires
Une réponse à “Spintires en test, Embourbement Simulator 2014”
  1. Arnaud dit :

    Aura-t-on la chance de.voir arriver un jour spintires, ou un jeu de franchissement du genre, sur playstation 4…?
    Merci,
    Arnaud.

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