Deadly Premonition

Voilà, comme promis, le test de Deadly Premonition, sur Xbox 360 (ma tite bobox !).
J’ai acheté ce jeu un peu sur un coup de tête. Je ne savais pas trop de quoi ça parlait, et je cherchais quoi prendre pour 25 euros environ. J’ai lu un tout petit article parlant du jeu sur Amazon, évoquant Twin Peaks. Je me suis dit, allez, pourquoi pas.
Quelques jours plus tard, je reçois mon colis (contenant entre autre Alan Wake édition collector avec, pour 33 euros environ sur Amazon toujours, excellente affaire). Je place la galette dans le lecteur DVD, et hop, le jeu démarre.
Alors, ce qui est très impressionnant avec Deadly Premonitions, c’est qu’on voit immédiatement les défauts. Genre, en cinq minutes, vous en avez fait le tour. C’est pas très joli vu les capacités de la Xbox 360 (les personnages sont bien, mais les décors, oh mon dieu), le gameplay est oldie (ce qui n’est pas totalement un défaut, voir plus loin), et il y a quelques petits trucs énervant, comme les collisions, ou le passage d’une porte, ou encore certains angles de caméra (ne citons pas les escaliers).
Une fois passé ces « détails », on se rend compte que la prise en main est rapide (environ 20 à 40 mn pour maîtriser le jeu), et que l’intérêt – puisqu’intérêt il y a bel et bien – ne se situe certainement pas sur le « bling bling » moderne de beaucoup de jeux (et notamment, d’Alan Wake).
Au contraire, tout est fait pour qu’on ne puisse plus lâcher la manette. D’abord, la jouabilité, que je qualifiais d’oldie, est en soi un monument. On se croirait revenu au bon vieux temps des Resident Evil et autre Shenmue, mais en un poil plus aisé d’accès. C’est juste « old school », et non vieillot. Il y a une sacrée différence.
Mais d’abord, c’est la qualité du « fond » qui éveille l’intérêt, et le maintient jusqu’au bout. Non seulement le scénario en lui-même est accrocheur, plein de petites surprises (en fait, pas tant que ça, mais on se laisse avoir volontairement tellement on est dedans), mais, et c’est là l’essence même du logiciel, le gameplay se révèle soudainement après une intro étrange. Un terrain de jeu conséquent (en fait, la totalité d’une petite ville des Etats-Unis), un timing « temps réel », où chaque personnage a sa place – plus encore, sa propre vie. Les magasins ouvrent et ferment à leurs heures habituelles, les habitants rentrent chez eux, prennent leur voiture, conduisent. Vous pouvez sans aucun problème vous amuser à suivre l’un d’entre eux de sa boutique au restaurant, du restaurant au bar, du bar à chez lui pour se coucher. J’ai même vu un chien sauter à l’arrière d’une voiture pendant que le maître passait au volant ! Tout ce soin monstrueux apporté aux détails de la « vie quotidienne » (votre personnage n’échappe pas à la règle, vous devez vous raser, vous nourrir, changer de vêtements, envoyer les sales au pressing, etc.) font de Deadly Premonition un jeu immersif au possible.
Et, comble du comble, le travail des scénaristes (peut-on encore parler de game designer ?) touche tout autant les personnages. Votre alter ego, agent spécial et profiler du FBI qui enquête sur la mort d’une jeune fille, vous parle comme si vous étiez présent avec lui (avec une discrétion à la limite du surnaturelle tellement les autres personnages semblent ne rien capter), vous appelant « Zach », lit l’avenir dans son café matinal, et est un cinéphile averti. Ses « monologues » à notre destination lors des trajets en voiture m’en ont appris sur le cinéma américain… Passionnant !
Et cela, c’est sans compter sur les PNJ, comme le shérif, ses adjoints, les suspects, les temoins… et même le tueur et son côté ironique et agaçant. J’ai souvent entendu des comparaisons entre des séries, des jeux, et Twin Peaks. Je dois dire que j’ai toujours trouvé ces comparaisons ridicules, mais Deadly Premonition la mérite amplement. Son ambiance, digne d’un film de David Lynch, ses personnages torturés à souhait et cyniques comme ceux d’un Tarantino, et son tueur insaisissable et pourtant si « proche » de nous (après tout, c’est une petite ville)… rien ne semble avoir été laissé au hasard…
Pour compléter ce tableau, il est nécessaire d’évoquer deux choses. D’abord, la bande son. Loin d’être exceptionnelle, elle cadre néanmoins bien avec l’univers, à l’exception de la musique, surréaliste par moments. Elle est parfois tellement ridicule qu’elle en devient (volontairement ?) décalée. Et enfin, la durée de vie. La plupart des gens ayant achevé l’aventure parlent de 38 à 40h de jeu ! C’est quatre fois plus que les jeux actuels standards, et jusqu’à 8 fois plus que certains FPS abusifs.
Conclusion
Pour conclure, Deadly Premonition est un ovni dans le paysage vidéoludique actuel. Un soft qui – pour peu que vous soyez suffisamment mature – vous prendra aux tripes par son histoire, son ambiance, sa profondeur, et même, parfois, par son incroyable humour. Un must have, un must play. A quelques défauts près (la maniabilité de la conduite, les graphismes parfois vraiment abusés ou dépouillés, quelques temps morts lors de longues attentes), Deadly Premonition aurait très bien pu être le meilleur jeu auquel j’ai jamais joué.
Alors, messieurs les développeurs et scénaristes, du fond du coeur, merci. Merci pour le fun apporté, mais surtout, merci de prouver qu’un jeu, ce n’est pas qu’une belle façade.
PS : ho, et attention aux QTE (Quick Time Events) parfois bien sadiques. De plus, sauvegardez autant que possible ! Vous ne le regretterez pas
Note globale