Deep Black Reloaded en test, piège en eaux troubles

Lundi 27 Février 2012, 18h00 GMT, quelque part dans le Pacifique sud. Le téléphone sonne, c’est le général Billou. Il parait qu’il a une mission pour moi et que ce serait de première importance, tant et si bien qu’il fait appel à son meilleur homme. Ma mission donc, si je l’accepte, sera de m’occuper de Deep Black Reloaded.. Mmh une espionne adepte de l’interracial? Aucun problème pour moi, j’accepte la mission et promet même de la mener jusqu’au bout avec force et enthousiasme.
Mais pourquoi le général m’a t’il envoyé une clef d’activation ? Est-ce un code secret ? Ah non, je comprends mieux, Deep Black Reloaded est donc un jeu occulte, créé par Biart Company, un studio inconnu au commun des mortels spécialiste des simulations de plongée sous-marine et se passant en haute mer. La déception s’empare de moi, mais je suis un soldat et en tant que tel je me dois de poursuivre la mission. C’est donc avec fébrilité que j’installe le jeu tout en lisant le dossier de presse. Si j’en crois ce qu’il y a écrit, je serais en face d’une nouvelle race de shooter à la troisième personne. Une race aquatique. Mon regard se porte alors sur les screens en fond d’écran, plutôt joli, surtout pour un jeu destiné au marché dématérialisé puisque Deep Black sera édité sur Sony Entertainment Network et Xbox Live Arcade plus tard cette année en plus de la sortie PC. Enfin, le jeu se lance. Un tour dans les options, je branche mon pad et c’est parti pour la guerre, la vraie, celle qui laisse des cicatrices que même le chirurgien des stars les plus refaites ne pourrait effacer.
Tout commence par un didacticiel. Pourquoi pas, après tout, mon dernier passage au front remonte à un certains temps déjà. Tiens, mais où sont passés les jolis décors entraperçus il y a peu de temps ? Bon, après tout, ce n’est que le didacticiel. Plus ennuyeux est le placement absurde des commandes pour qui ne possède pas les mains visqueuses d’un poulpe. Qu’à cela ne tienne je débranche la manette et attaque la bestiole au clavier/souris. Oui parce que moi, je suis motivé. Après tout, c’est moi le meilleur homme non ? Tout se passe bien et ma première mission est un succès. Je comprends vite que mon but est de récupér.. ah bah non. En fait je ne comprends pas grand-chose tant le scénario est navrant. Une envie irrépressible de raccourcir toutes les scènes cinématiques s’empare de moi. Je résiste, j’y crois, puis cède à la facilité devant la chute incontrôlable de mes paupières.
Mon nom, le temps de cette mission, sera Pierce. Nous sommes en 2047, dans un monde où les corporations ont supplantées les gouvernements. Je suis membre d’un de ces groupes privés de mercenaires appelé CHARON, engagé dans la lutte contre le bioterrorisme. Et croyez moi, ce n’est pas le boulot qui manque en ces temps tourmentés. La preuve, on m’envois déjà à la recherche d’une arme biologique. Vous l’aurez compris, c’est une mission suicide, je ne reviendrais pas indemne et notre rédac’chef me hais. J’en suis sur. Le premier chapitre s’ouvre et mon encéphalite (oui parce que je suis très cultivé aussi) ne s’arrange pas. Non seulement, les cinématiques sont minables, mais le jeu n’est pas non plus ce qui se fait de mieux dans le décollement de rétine. Le moteur est fade, triste comme la faune capillaire d’un certain présentateur de journal télévisé. Tout est gris en surface et sous l’eau, le moindre ennemi à plus de trente mètres devient invisible.
Mais ce n’est pas tout. Après tout il y a d’excellents jeux moches, mais le gameplay est aussi bancal que le reste. Même pour un soldat surentrainé comme moi, voir un adversaire glisser d’un coin à l’autre d’une pièce en un éclair me laisse perplexe. Même ce regretté Michael Jackson n’enchainait pas le moonwalk à une telle vitesse. Que dire alors des bugs de collision m’envoyant directement au royaume d’Hadès alors que j’étais sagement derrière un mur énorme (…et non je ne suis pas mauvais joueur, bande de mauvaises langue), de la résistance diabolique des adversaires alors que le moindre uppercut sera synonyme de game over, du manque total de génie dans le game design où s’enchainent des gun fights navrants entrecoupés de scènes de plongée minimalistes n’ayant pour seul but que de rejoindre un autre point de combat. Mais dans ce néant vidéo ludique, le pire de tout reste cette vitesse incroyable à laquelle je me déplace, digne d’un unijambiste sous Xanax.
Bref, cette fois je n’ai plus aucun doute, mon général me hait. Je viens de défenestrer mon troisième clavier et je n’ai toujours pas vraiment plongé. Incroyable pour un jeu censé vous mettre dans la peau d’un plongeur d’élite. Quatre heures à bouffer du plomb plus tard, j’atteins péniblement le deuxième chapitre, espérant que tout s’arrange comme par magie. Premier point positif : je nage. Et ce sera bien le seul, puisque tout est aussi mal pensé que l’on soit sur terre ou au milieu des poissons. Pire, on s’aperçoit que les développeurs ont tenté de se rapprocher d’un chef d’œuvre comme Metal Gear Solid en nous sortant quelques robots destructeurs. Malheureusement, le ridicule de ces crabes géant, probablement recyclés d’un épisode d’X-Or (pour les plus jeunes, c’était comme les Power Rangers, mais tout seul et plus classe) donne envie de vomir.
Conclusion
Vous l’aurez compris, ce jeu est mauvais. C’est une telle gageure pour les nerfs que même Gandhi aurait des envies de meurtre avant la fin du premier chapitre. Black Deep Reloaded aurait pu être bon. Le concept était pourtant intéressant sur le papier et le trailer savait allécher le chaland. Hélas, en guise d’action sous marine on se retrouve devant une aventure poussive avec un moteur graphique qui aurait surement été acclamé il y a quinze ans, qu’aucun élément du gameplay n’arrive à sauver. Et je ne vous ai pas raconté le pire.. Biart Company, les gentils créateurs, aurait l’intention d’en faire une franchise. Espérons qu’ils y réfléchissent encore un peu. C’est donc écœuré et la queue entre les jambes que j’abandonne cette mission et rentre à la base. C’était pas ma guerre chef, non, c’était pas ma guerre.
Note globale
NDLR : Pour les foufous qui auraient bravé nos recommandations et qui galèreraient sur le jeu avec leur carte ATI, pensez à désactiver l’occlusion ambiante (SSAO) dans les options, ça ne résoudra pas les problèmes de crashes au chargement des niveaux après le tutoriel mais au moins vous aurez autre chose qu’un écran noir pendant votre partie (hmm serais-ce donc ça le Deep Black..).