FEZ en test, une porte ouverte vers l’inconnu

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Vendredi, 18h. Alors que je rentrais tranquillement d’un événement et m’attendais à trouver les bureaux de la rédac’ déserts, j’entraperçois Delva juste avant qu’il ne prenne ses affaires et passe la porte d’entrée les yeux remplis de larmes.. il avait encore passé 2h sur Journey, et ce pour la troisième fois cette semaine. Bref, je m’installe devant mon bureau et remarque un post-it collé sur l’agenda sur lequel était écrit « Un XVKRQ ». Etrange, j’ouvre mes emails et là oh un nouveau message de Crim avec comme seul objet « Deux M9YT6″. Bon, on dirait que la rédac’ me fait le coup de l’ARG à la sauce Playitlive (pour rappel, il y a presque un an pile poil avait lieu l’ARG de Portal 2).

En fouillant à droite et à gauche je découvre trois autres notes toujours accompagnées de cette série de chiffres et lettres. Un code Steam ? Hmm trop long. Serais-ce.. Bon sang ! J’ouvre mon navigateur en faisant tomber l’énième caillou posé sur le bureau par Crim (nous y reviendrons plus tard), me connecte sur Xbox.com et entre le code : Bingo ! C’est bien un code pour FEZ qu’on m’avait caché. Ah les petits sacripants, bon au moins je sais à quoi je vais passer mon weekend.

FEZ c’est un peu comme le Duke Nukem Forever du jeu indépendant. Pour tout vous dire, à la rédac’ on tenait même des paris pour savoir s’il allait vraiment sortir un jour. Pensez-vous, le jeu était en développement depuis plus de cinq ans par Phil Fish et son acolyte Renaud Bédard et nous n’avions presque rien à nous mettre sous la dent pour nous rassurer depuis fin 2008. Le projet se montrait bien de temps à autres (cf. son prix « Excellence in Visual Art » à l’IGF 2008) mais son avenir restait incertain. Alors nous avons douté pendant des mois.. des années même, et puis début 2012 tout s’accélère. On a de nouveau des « screenshots vidéos » et des trailers, le twitter de Phil Fish s’affole et finalement le 28 mars nous avons enfin droit à la date de sortie officielle du jeu. Quinze jours plus tard, me voilà devant cet écran-titre tant attendu. Au delà des critiques reçues par une communauté de joueurs envers ses propos sur le jeu vidéo japonais, voyons voir si le bébé de Phil Fish tient ses promesses.

FEZ commence comme nombre de fables. On y découvre un personnage ordinaire dans un monde bien trop tranquille, un beau matin ensoleillé. Notre petit bonhomme se fait confier une quête par un vieillard boiteux affublé d’un cache oeil à faire pâlir de jalousie Lechuck lui-même. Et tout de suite on sent l’influence de ses pairs puis-qu’à l’instar d’un Link et son bouclier fétiche, notre héros de fortune se voit confier un couvre-chef aussi ridicule qu’indispensable à son aventure. Grâce à lui et aux nouveaux pouvoirs qui lui sont attribués par un petit cube multicolore, Gomez (oui c’est son nom) va pouvoir manipuler les trois dimensions et faire basculer les pans de niveaux à sa guise pour aller visiter des recoins encore inexplorés de ce qui était autrefois un univers en deux dimensions. Il va vite se rendre compte qu’il y un mille et un secrets cachés derrière les murs des maisons et notamment d’étranges cubes dorés.

Voilà, le gameplay de FEZ est posé, en quelques secondes de jeu à peine on appréhende la technique nécessaire (une pression sur la gâchette gauche ou droite pour faire pivoter la scène vers la direction souhaitée). Et il va falloir en tourner des pans de décors (qui dévoileront des chemins inattendus, les perspectives changeant au gré de vos rotations, etc.), et en passer des portes pour chercher les cubes nécessaires à notre progression, et surtout essentiels pour sauver le monde des trous noirs qui ne cessent de se répandre dans l’univers. Le but de votre aventure sera donc de rechercher ces artefacts cubiques en naviguant de plan en plan, en grimpant sur des parois et en ouvrant des portes qui vous conduiront de mondes en mondes, un peu comme dans un Code Quantum.. pixel-artisé.

La référence peut sembler fantaisiste mais elle est tellement en accord avec le concept de FEZ. Lorsque vous ouvrez une porte dans le jeu, vous ne savez jamais vraiment ce que vous allez trouver de l’autre côté, et c’est une des vraies forces du jeu. A chaque fois que l’on pénètre dans un portail, on découvre ici un cul de sac, là une nouvelle salle, un nouvel espace de jeu, chaque zone étant la plupart du temps résolument différente de la précédente. Tant et si bien que vous pouvez passer un temps fou à avancer sans même vous préoccuper des cubes environnants, juste par curiosité, votre progression donnant accès à d’autres portes, et ainsi de suite. La seule limite imposée à votre balade sera matérialisée par certaines portes spéciales qui vous demanderont d’avoir un minimum de cubes pour les déverrouiller.

Vous naviguerez donc entre îles verdoyantes, cimetière lugubre, forêt luxuriante et parfois même d’étranges salles perdues entre les dimensions requérants plus qu’une simple mécanique de plateforme pour arriver au bout du challenge qui se présente à vous. Car en plus de demander au joueur de se déplacer à 360 degrés entre les plans d’une scène, FEZ propose tout un tas de challenges qui vous permettront de débloquer des anti-cubes. Et ces puzzles vous donneront à coup sûr du fil à retordre puisque il sera question d’assembler des formes géométriques (ressemblant à des pièces de Tetris) selon un schéma différent entre chaque pan de décor. Vous passerez donc votre temps à switcher d’un pan à l’autre pour arriver finalement à débloquer ces petits cubes d’anti-matière optionnels, mais qui vous permettront de débloquer des portes si vous ne trouvez pas les cubes dorés bien cachés. Si l’on ajoute à cela des secrets à trouver dans les salles et niveaux du jeu qui sont parfois assez coriaces à dénicher, on obtient un challenge relevé pour qui aime finir les jeux à 100%.

Si le concept du jeu est original, il fallait des artistes dignes de ce nom pour peindre la galaxie 8bits de FEZ et en faire un produit ne ressemblant à aucun autre. Aussi Phil Fish s’est associé avec Paul Robertson, célèbre animateur et graphiste spécialiste du pixel-art qui donne vie à Gomez par des petites mimiques et une bouche définitivement ouverte comme en éternelle admiration devant le spectacle de cet univers vaste, coloré et poétique. Et que dire de la bande originale du jeu composée par Rich Vreeland qui nous transporte, le héros et nous dans un autre monde. Composée de sons doux et harmonieux teintés de samples d’un autre temps, elle est à elle seule une invitation au voyage.

Après tous ces superlatifs, reste-t-il de la place pour parler des couacs qui gênent un peu notre aventure ? Et bien oui, aussi profond et attachant soit-il, FEZ n’est pas exempt de défauts. Tout d’abord on se rend vite compte que le jeu souffre de fuites mémoires assez agaçantes. Il ne sera pas rare de revenir au Dashboard de la Xbox 360 puis de relancer FEZ après quelques heures de jeu à cause de chargements de plus en plus longs à mesure que nous avançons. De plus les séquences de plateformes et plus précisément les phases où l’on doit pousser le stick vers le haut ou le bas pour ouvrir une porte ou descendre une corniche manquent cruellement de précision et il faudra rester parfaitement immobile pour effectuer l’action désirée du premier coup. On se surprend parfois même à utiliser la croix directionnelle au lieu du stick imprécis lorsque l’on tente des opérations périlleuses. Dommage, ces petits aléas cassent un peu le rythme du jeu.

Conclusion

Il y a tant à dire sur FEZ. Je pourrais vous parler des interactions avec l’environnement grâce aux objets et autres mécanismes à déclencher, de son incohérente cohésion qui fait que l’on est jamais totalement perdu sans pour autant vraiment savoir où l’on se trouve à un instant T, mais je préfère vous laisser le découvrir par vous même.

Le jeu aura son lot de détracteurs, certes. On pourrait s’étonner de la faible durée de vie du titre (entre 4 et 6 heures et un mode « New Game + ») et rager devant certains crashs intempestifs qui se produisent chez une poignée d’utilisateurs mais il faut reconnaître qu’avec FEZ, Phil Fish et Polytron ont réussi à créer un univers à part et se sont entrepris de casser les codes du jeu de plateforme établis depuis des lustres (sans pour autant les révolutionner, soyons clairs sur ce point). De plus il ne faut pas oublier que FEZ est proposé à petit prix sur Xbox Live Arcade. Pour tout cela et le voyage que le jeu nous offre, on ne peut que saluer le travail des développeurs. Espérons que Phil Fish et son équipe ne prendront pas cinq ans de plus avant nous faire rêver à nouveau.

Note globale

★★★★☆

BiLLOU95, Rédacteur en chef

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