The Witcher 2 Enhanced Edition en test, mon sorcelleur bien-aimé

Parfois, il m’arrive de philosopher… Euh pourquoi vous riez ? C’est vrai ! Par exemple, plusieurs questions me taraudent l’esprit au point de ne plus en dormir : qui de l’œuf ou de la poule ? Quel est le véritable sens de la vie ? Pourquoi ai-je reçu la beauté et l’intelligence à la naissance alors qu’Ever, nôtre chroniqueur/correcteur bien-aimé, semble avoir manqué la distribution ? Pourquoi faut-il que tout bon jeu de rôle ait le devoir de commencer dans la moiteur de geôles inamicales pour terminer dans un final en apothéose ?
Oui je l’avoue, j’aime perdre mon temps en considérations inutiles. Néanmoins, c’est bien dans un de ces cachots puants, lors d’un interrogatoire musclé, que prendra place l’histoire de The Witcher 2. Il sera alors temps de comprendre les circonstances de la mort du roi Foltest, un crime odieux dont vous êtes accusé à tort et qui guidera votre petit bras vengeur, bien que maigrichon, au travers de la cinquantaine d’heures que durera votre périple. Pour les endormis près du radiateur au dernier rang et ceux qui auraient été séquestrés dans une cave depuis 2007 (Vous ne seriez pas scénaristes de jeux de rôle par hasard?), The Witcher premier du nom nous présentait Geralt De Riv, anti-héro par excellence à la chevelure blanche, sorcelleur de métier.
Mi-homme, mi-mutant. Mi-sorcier, Mi-mollette (oui j’ose, j’ai même pas peur). Un dur, un vrai, un tatoué. Le genre d’animal inspirant une haine craintive auprès des hommes, mais une incroyable attraction auprès de la gente féminine. Un peu comme notre BiLLOU95 national après quelques douloureuses heures de musculation et l’achat d’une jolie moumoute en poils de phacochères du Pérou. Il est des séries qui marquent profondément les joueurs et celle-ci en fait assurément partie, notamment grâce à ses graphismes, magnifique sur PC, et son intrigue sombre, violente et sexuelle, inspirée des récits de l’auteur Andrzej Sapkowski.
C’est donc une sorte d’anti-Skyrim au parcours balisé et à la narration maitrisée du début à la fin que nous avons affaire aujourd’hui, et c’est presque un an après sa sortie sur PC que nous avons le plaisir d’insérer la galette dans le lecteur de nôtre belle Xbox 360 qui, décidément, semble, ces derniers temps, accueillir de grands noms du genre. Le premier constat a la vue de la cinématique d’ouverture est douloureux pour quiconque aura déjà trainé ses guêtres dans le monde de The Witcher. La comparaison entre les ordinateurs de riche nécessaires pour le faire tourner dans des conditions confortables et la petite console de prolétaire vieillissante sera rude. Si, graphiquement, il avait été annoncé que le portage console serait très proche de ce que l’on pouvait trouver en configuration moyenne, il faut avouer que la vérité est tout autre.
Pas que ce soit laid, bien au contraire, mais on se rend vraiment compte des faiblesses de la machine. Certains petits problèmes visuels viendront, ainsi, fréquemment nous rendre visite. Tearing et Clipping deviendrons vite nos meilleurs amis, sans que cela ne soit réellement dérangeant, car la vérité est ailleurs. Les décors sont simplement magnifiques et bien plus colorés que dans la version PC, le tout sublimé par les jeux de lumière et d’ombre offrant à cette version une approche graphique beaucoup plus réaliste. On plonge littéralement dans l’ambiance que ce soit celle d’une forêt elfique, criante de vie, où bien celle, plus sombre d’une tombe oubliée. Tout semble savamment étudié pour que l’aventure soit la plus immersive possible.
De plus, le soft nous est, ici, livré dans sa version Enhanced, comprenant tous les DLCs sortis à ce jour, directement inclus dans la galette. On trouvera donc quelques nouveaux environnements et personnages, ainsi qu’une nouvelle introduction destinée principalement aux novices de la série, le tout pour un gain de quatre à cinq heures de durée de vie. Le bestiaire est fourni, évitant la redondance des situations et l’ennui qui pourrait en découler. Les PNJs que vous croiserez ont tous une histoire et un alignement qui leur est propre. Il sera difficile de faire ami-ami avec tout le monde pour peu qu’on en ai envie. Tant mieux, on n’est pas dans Mass Effect ici. Le monde vous hait pour ce que vous êtes et ça ne tiens qu’à vous de leur donner raison ou bien de faire en sorte que cela change car vos choix ont un réel impact sur la suite de votre parcours.
Le character-design est proche de la perfection. Chaque personnage semble unique et s’imprègne irrémédiablement dans notre mémoire. On retrouvera quelques rescapés du premier volet, comme Zoltan le nain au caractère encore plus orageux que celui de ma femme, Jaskier le barde dragueur, fuyant encore et toujours quelques maris bafoués en colère et bien sur Triss la magicienne, rousse incendiaire et souvent dénudée (Ah… j’en vois deux qui se sont réveillés, la méthode TF1 il n’y a que ça de vrai) qui ferait passer Jessica Rabbit pour une none frigide, compagne de notre aventurier à l’albinisme capillaire prononcé. Geralt est un personnage complexe et torturé entrainant le joueur dans un tourbillon d’érotisme et de violence. L’atmosphère est donc résolument adulte et ne conviendra absolument pas aux plus jeunes.
Autour de notre petit groupe viendront se greffer un grand nombre d’autre personnages, tous haut en couleur et attachant, parmi lesquels un elfe rebelle, un troll amoureux (si si ça existe) ou bien encore une belle blonde, guerrière solitaire et meneuse, sorte de Jeanne D’Arc sans l’odeur de brûlé… cachant un effroyable secret. S’il fallait ne retenir qu’un seul défaut du premier opus, alors cela aurait définitivement été la gestion des commandes, bien trop compliquées pour les appréhender rapidement. Souvenez vous, entre le choix des deux épées, des attaques rapides ou puissantes, des positions de combat selon chaque type d’adversaire et du timing diabolique nécessaire pour effectuer le moindre combo, on avait tôt fait de mordre la poussière dans un cri de rage et de désespoir, des larmes aux coins des yeux et le clavier en morceau quatre étages plus bas après avoir fait un vol magnifique au travers de la fenêtre malencontreusement ouverte..
Quelques traumatismes crâniens de passants anonymes et une envolée exceptionnelle de l’action des fabricants de périphériques informatique plus tard, il semblerait que nos amis de CDProjekt nous aient entendus, puisque seuls les choix de l’épée d’argent pour les monstres et de celle de fer pour les adversaires humains, ainsi que les coups forts et faibles ne subsistent. Le gameplay gagne ainsi fortement en dynamisme, sans pour autant perdre de son caractère tactique, puisqu’il faudra réfléchir en jouant avec les différents sorts pour espérer occire tous les malotrus ayant la mauvaise idée de croiser vôtre chemin. On émettra juste un gros doute pour le choix du gameplay lors des combats contre certains boss, pour le moins ultra dirigiste où le moindre écart quant à ce que le jeu attend du joueur, sera sanctionné lourdement par un bon vieux game over des chaumières.
Conclusion
Vous l’aurez compris, The Witcher 2 est un grand jeu. Si Skyrim est le jeu de rôle de l’année passée, sur Xbox 360, il y a de grandes chances pour que, comme l’homme Flambi, la galette de CDProjekt atteigne le trône pour 2012. Au-delà des quelques petites fausses notes précitées, The Witcher 2 se veut profond, immersif, intelligent. Les personnages sont marquants, tout comme les situations, variées et toujours intéressantes. Oubliez votre vie sociale, éteignez les lumières. Prévenez votre (vos???) copine (copain?!). Coupez le téléphone et mettez le son à fond, vous aurez peut être moins d’amis quand vous reviendrez dans le monde réel, mais je vous garantis que, comme votre humble serviteur, vous ne le regretterez pas.
Note globale
Super test, c’est vrai que le portage à l’air vachement réussi bien que le jeu ait l’air un poil moins beau que sur PC. En tout cas, je connaissais pas CD Projekt avant ce jeu, mais maintenant ils ont une sacré réputation !
Oui difficile de faire aussi beau que la version PC mais ils s’en sortent avec les honneurs ! Long live CD Projekt !