The Last Of Us en test, et s’il ne devait en rester qu’un…

Nous étions heureux finalement… malgré les crises, malgré la rudesse habituelle de la vie, nous étions une famille unie. Tout ça, c’était il y a longtemps, avant le début de l’infection qui aura presque détruit la société humaine aux quatre coins du globe. Peu à peu les cités se sont mises à tomber, croulant sous le poids des morts revenus à la vie ; effondrées sous l’hémoglobine ruisselante des familles comme la nôtre, cherchant le salut au milieu des décombres. Finalement, les plus chanceux se retrouvèrent prisonniers de camps sous l’égide totalitaire du gouvernement, véritables forteresses censées être imperméables aux effets des spores meurtriers. Pourtant, pas un jour ne passe sans que l’un de ces rescapés ne finisse par se transformer en l’une de ces choses, victime à son tour du champignon que l’on appelle Cordyceps. Pourtant, à l’origine cette saloperie ne s’attaquait qu’aux insectes, détruisant leur système nerveux jusqu’à la mort de l’hôte. Quand est-ce que cette chose s’est mise à muter et à s’en prendre aux humains ? Personne ne le sait avec précision, mais en tout cas, c’était il y a vingt ans.
Voilà à peu près le point de départ de l’histoire. Bien entendu, j’ai omis quelques détails importants pour ne pas vous gâcher le début de l’aventure qui se révèle être simplement époustouflant. Soyez sûr que vous resterez scotchés devant votre téléviseur la bave aux lèvres et la peur au ventre, car le véritable tour de force du dernier né des studios Naugty Dog est bien là : un scénario en béton armé comme on aimerait en voir beaucoup plus souvent. Vous incarnerez donc Joel, un trafiquant plus ou moins recommandable tentant de survivre du mieux possible dans l’un de ces derniers bastions d’une humanité en quarantaine. Coincé entre l’armée dictatoriale et les Lucioles, clan de la résistance, Joel se retrouvera vite avec la lourde tâche de devoir livrer un colis un peu particulier à l’autre bout des États-Unis : une jeune fille répondant au nom d’Ellie.
C’est un héros usé aussi bien mentalement que physiquement qui nous est proposé. Joël a vu l’émergence des infectés et la violence du Zombie Outbreak. Cette mise en place dès le début du jeu continuera de peser sur chacune des décisions qu’il devra prendre et approfondira d’autant plus ses motivations. La profondeur des personnages est ici digne des meilleurs canons du genre, Walking Dead en tête de file, de par l’intensité narrative des situations et la crédibilité des différents protagonistes. D’ailleurs, autant vous avertir tout de suite, The Last of Us n’est pas un pseudo jeux d’action à la Resident Evil nouvelle formule, mais bien un survival-horror à l’état brut où l’ambiance oppressante et la contemplation prendront le pas sur l’action frénétique et le gun shooting. A la manière du travail effectué sur la série Uncharted, l’univers graphique proposé va assurément vous émerveiller et vous passerez de longues minutes à observer la beauté d’un coucher de soleil perché sur les ruines d’un gratte-ciel, un peu dans l’esprit du « livre d’Eli » qui, s’il n’a rien d’un bon film, a, au moins pour lui, sa réalisation léchée.
Rarement un univers n’a été aussi crédible dans un jeu vidéo. Techniquement, The Last of Us taquine les sommets de ce qu’il est possible de faire sur une Playstation 3 qui, bien qu’en fin de vie, montre qu’elle en a encore dans le ventre pour qui sait correctement l’exploiter. Chaque nouvel environnement est une incitation à peine masquée à la contemplation. L’univers est on ne peut plus crédible et immerge le joueur dans l’aventure comme jamais auparavant. A l’extérieur, les buildings se mêlent à la végétation qui semble avoir repris ses droits, un peu à l’instar de L’armée des Douze Singes où l’urbanisme laisse peu à peu sa place à la jungle. A l’intérieur des bâtiments, les détails pullulent et offrent une véritable constance aux décors. Le sentiment de déjà vu ne pointe jamais le bout de son nez au contraire de la peur et de l’angoisse qui s’immiscent à chaque coin de rue.
Au niveau du gameplay, l’accent est porté sur l’exploration et la discrétion. Ainsi, s’il sera possible de se défaire de quelques récents infectés sans trop de problème, la chose sera tout autre devant une horde en furie ou pire, devant les effrayants claqueurs, à même de vous tuer à la première morsure. Cela nous amène d’ailleurs à nous pencher sur lesdits infectés qui pourront varier selon le stade de leur infection. Une infection récente donnera lieu à des « coureurs ». Ivres de rage, ces derniers se contenteront de se ruer vers vous en tentant de vous déchiqueter. Plus l’infection sera grande, plus les belligérants deviendront coriaces et de plus en plus difformes, à l’instar des claqueurs dont le visage est entièrement couvert de champignon, les rendant aveugles, mais extrêmement sensibles au moindre bruit que vous ferez.
Il faudra donc rivaliser de prudence et réfléchir à l’utilité ou non d’explorer certaines zones, car peu de chemins sont véritablement obligatoires dans The Last of Us. Pour lutter contre cette faune meurtrière les armes se feront extrêmement rares. Vous combattrez souvent à l’aide de divers tuyaux ou planche s’abimant progressivement, car devant la rareté des munitions il faudra bien réfléchir avant de dégainer. A chaque tir raté, ce sera votre espérance de vie qui se verra drastiquement réduite. Il s’avèrera également nécessaire de fouiller chaque meuble de chaque pièce afin de trouver des ressources pour fabriquer surins (seule et unique façon de se débarrasser d’un claqueur au corps à corps) et kit de secours. A ce stade vous comprenez surement qu’il sera plus efficace et prudent d’éliminer vos ennemis dans le dos à l’aide d’un surin bien affuté planté tout droit dans la carotide plutôt que de sortir le calibre et d’arroser à tout va.
Si jamais la pression devient trop forte pour vous, il sera également possible de vous détendre lors d’une session en multijoueur. Dans ce mode vous devrez choisir entre l’une des deux factions présentes et partirez à la course aux rations. Le but sera donc, au cours des sept maps disponibles, de survivre aux affrontements tout en ramassant le maximum de provisions afin de permettre à votre groupe de réfugiés de survivre un jour de plus. Chaque partie représentera donc un nouveau jour et la défaite, la fin de votre colonie. Plus vous serez victorieux, plus votre communauté croitra et plus il sera nécessaire de récupérer un grand nombre de ressources pour continuer à croitre. Si ce mode n’occulte pas le solo, il est néanmoins extrêmement agréable à jouer et pour tout fan de la série Walking Dead, l’impression de, tout à coup, se retrouver à la place de Rick, luttant pour la survie des siens, ne manquera pas de susciter quelques frissons de plaisir.
Conclusion
The Last of Us n’est pas une production à prendre à la légère. Y mettre le premier pied signifiera l’arrêt net de votre vie sociale pour une bonne vingtaine d’heures uniquement en solo et bien plus si par bonheur vous accrochez au concept du mode multi. Bien sûr le jeu n’est pas exempt de défauts et on pourra regretter quelques problèmes de synchronisation labiale lors des phases de dialogue, ou encore pester devant la difficulté stupide de certaines phases de jeu, mais rien n’y fera, ce jeu est probablement ce qui se fait de mieux sur Playstation 3 et surement l’une des dernières grosses productions sur ce support alors pourquoi s’en priver ?
Note globale