Fable Heroes en test, une histoire à dormir debout

Il se passe des choses étranges dans la tête des développeurs de Lionhead. Non franchement, il n’y a qu’à regarder leur pédigrée : The Movies, Black & White, Fable et bientôt Fable The Journey, pour se dire que leurs petits cerveaux de britishs fourmillent d’idées toutes plus farfelues les unes que les autres. Et avec Fable Heroes, ils continuent d’étonner le petit monde des joueurs en produisant un hack’n’slash dans le monde de Fable. Face à la concurrence (Castle Crashers et autres), Lionhead saura-t-il s’en tirer avec les honneurs ?
Avec la saga Fable, le développeur nous avait habitué à du grandiose, de la bonne grosse présentation qui tâche et un univers cohérent et ce même avec un Fable 3 qui avait été décrié pour la seconde partie de son aventure loin des espérances des joueurs. Si l’on ne sait pas encore à quoi ressemblera Fable The Journey, le prochain gros Fable cette fois-ci jouable sous Kinect, Fable Heroes lui continue dans la direction prise par Lionhead depuis quelques années : la simplification du gameplay. Mais nous allons y revenir plus tard.
Comme je vous l’ai dit en introduction, Fable Heroes est un hack’n’slash tout ce qu’il y a de plus classique. En début de partie on doit tout d’abord choisir l’une des quatre marionnettes disponibles (!) rappelant quelques uns des personnages de la série. On distingue par exemple Hammer, Teresa et même le héros de Fable The Journey sous les trais enfantins de ces petites créatures. Chacune à son arme ou pouvoir de prédilection (épée, fusil, magie, etc.) et pourra progresser et améliorer ses caractéristiques indépendamment des autres.
Après avoir passé en revue les différents protagonistes (notre choix étant limité aux quatre marionnettes de base en début de partie, le jeu en comptant 12 au total), on arrive sur le plateau de jeu. Un plateau oui car à la manière d’un jeu de société, nous nous baladerons de case en case, chacune représentant un lieu ou mini-jeu en rapport avec l’univers des épisodes 2 et 3 de Fable. Attaquons donc notre quête avec la sympathique bourgade de Millfields et découvrons le vrai cœur du jeu.
Dès les premières secondes de jeu, le titre annonce la couleur. Nous ne sommes pas seuls dans notre aventure et il faudra arpenter les différents niveaux à l’aide de ses amis, ou à défaut de l’intelligence artificielle qui contrôlera les 3 autres personnages jouables. Car oui, l’aventure se joue en équipe et le titre nous encourage à y jouer à plusieurs via des modes multi en local ou sur Xbox Live. Et ce petit groupe ne sera pas de trop pour venir à bout des nombreux monstres et créatures qui se feront un malin plaisir de venir nous titiller.
Comme j’en parlais un peu plus tôt, Lionhead à simplifié à l’extrême le concept du hack’n’slash. Ici pas de menus compliqués, pas de roue des pouvoirs et de gestion de la mana, on dispose de trois coups différents pour exploser nos adversaires. Hormis le bash classique d’un bouton, nous pouvons exécuter un coup plus fort qui mettra plus de temps à être exécuter par notre personnage mais qui dégommera les ennemis les plus coriaces. Et enfin nous pouvons aussi utiliser une capacité spéciale avec notre gâchette droite qui s’avère dévastatrice mais consommera l’un des cœurs de notre barre de vie. Il faudra donc l’utiliser avec parcimonie.
Et c’est à peu près tout. Notre but sera d’aller d’un point A à un point B en tuant tous les monstres sur notre passage et en récoltant des tonnes de pièces qui s’amassent sur le sol. Oui car dans Fable Heroes, même les ennemis les plus stupides comme des Hobbes lâcheront des piles entières de piécettes. Imaginez donc le joyeux bordel lorsqu’un groupe de quatre tape dans tous les sens, on se retrouve souvent submergé par les pièces d’or. On passe son temps à taper, courir et faire des roulades pour attraper tous ces bonus. Ajoutez à cela des coffres qui renferment des bonus/malus aléatoires et vous obtenez des parties assez fouillis où l’on ne sait plus trop sur qui ou quoi l’on tape.
Et c’est là l’un des gros problèmes du jeu, on passe notre temps à chercher où l’on se trouve sur l’écran à cause de la myriade d’objets, effets et monstres qui s’affichent. On se rend souvent compte après quelques secondes de castagne qu’on tape dans le vide et on part à la recherche d’une nouvelle cible. La gestion de la caméra n’arrange rien puisque la vue est isométrique et les déplacements dans la profondeur empêchent de viser correctement notre cible. Ce qui est agaçant quelques minutes devient pénible au bout d’une petite demi-heure.
L’autre souci, tout aussi grave est la lenteur générale des personnages, amis ou ennemis. L’ensemble est encore plus mou qu’un 100m aux JO couru par Liliane B. Du coup, on roule-boule tout le long du niveau pour tenter de gagner un peu de vitesse mais ça ne change pas grand chose. On en devient jaloux lorsque l’un des joueurs attrape un bonus boost de mouvement dans un coffre et peut vraiment s’amuser pendant deux à trois minutes. Pourquoi tant de haine de la part de Lionhead qui flingue l’envie de continuer avec des défauts pareils ?
Pourtant le titre tente vainement de varier les plaisirs en offrant aux joueurs la possibilité de choisir un chemin précis en cours de niveau, chemin qui mènera généralement soit à un boss, soit à un mini-jeu/survival que l’on pourra refaire à volonté avec ses amis une fois le niveau terminé. Mais si on note un effort de ce côté là, on remarque qu’ils ne vont pas au bout du concept, on appliquera la même technique du martelage de bouton jusqu’à l’abrutissement, que ce soit contre des boss qui ont toujours les même paternes ou dans des mini-jeux bien trop simples.
Le titre se paye même le luxe de nous infliger quelques bugs de collision malvenus et d’empêcher le retour en arrière en plein niveau pour attraper les pièces qu’on aurait laissé derrière nous. D’ailleurs je n’ai pas abordé le pourquoi du comment des pièces. Une fois le niveau fini, elles nous permettront de débloquer des jets de dé dans une espèce de jeu de l’oie. Notre personnage se déplacera sur de petites cases et pourra débloquer au hasard du jet de dé des améliorations d’attaque, de nouveaux skins et personnages, etc. Bien vu même si ça ne sauve pas l’ensemble.
Du point de vue de la réalisation, on est loin de ce à quoi nous a habitué Lionhead. Certes c’est un jeu Xbox Live Arcade mais tout de même. Les décors en cell-shading sont perfectibles et on aperçoit de temps à autre des polygones pas bien collés entres eux, un aliasing omniprésent et on a pu noter des baisses de framerate durant certaines scènes avec un peu trop d’objets à l’écran. Seule l’ambiance sonore relève un peu le niveau avec une bande son qui ne transcende pas comme celle de Fable 3 mais reste correcte.
Conclusion
Fable Heroes est une véritable déception. Pire, le jeu nous fait douter sur les capacités de Lionhead à se renouveler et nous faire vivre de nouvelles expériences de jeu comme c’était le cas avec Fable et ses suites. Il transpire du jeu une impression de produit promotionnel que le studio sort comme par hasard deux mois avant l’E3 histoire de nous rappeler que Fable The Journey arrive bientôt. On ne se prendra jamais réellement au jeu et la magie ne fonctionnera pas durant les quelques heures qu’il faudra pour terminer le jeu. Allez, on va vite oublier cette erreur de parcours, s’il vous plait Lionhead, faites nous rêver à nouveau !
Note globale