Dragon’s Lair en test, petit cours d’histoire du QTE

Ne sous-estimez jamais l’esprit perfide des développeurs de jeux vidéo. Auparavant, pour vous en faire baver dans un jeu, ils intégraient des pièges complètement improbables et faisaient de votre vie un calvaire en utilisant des techniques de level-design venues tout droit d’outre-tombe, mais aujourd’hui, c’est terminé, grâce aux QTEs. Si Heavy Rain, Fahrenheit et autres God of War ont démocratisé les Quick Time Events, le maître en la matière n’est pas tout jeune.
En effet Dragon’s Lair, le premier jeu de l’histoire dont le gameplay était intégralement constitué de QTEs à aujourd’hui presque 30 ans. Dragon’s Lair à suivi toutes les époques et tous les supports, c’est donc sans surprise que nous le retrouvons en 2012 dans une version Kinect-ready sur Xbox Live Arcade. Que vous soyez fan, collectionneur ou juste curieux, vous êtes en droit de vous demander si cet ovni et accessoirement très court dessin animé interactif nécessite de figurer dans votre ludothèque digitale. Après de longues et intensives heures de test, les laboratoires Playitlive vous donnent leur verdict.
Pour les trois cancres au fond qui dormaient pendant les cours de jeux vidéo rétro de notre professeur Shyn (à ne pas confondre avec le professeur Chen, bien qu’ils partagent la même coupe de cheveux et l’amour inconsidéré des animaux de tous poils), Dragon’s Lair est un dessin animé interactif réalisé par Don Bluth, un ancien de chez Disney au début des années 80. Animé par AMS et destiné aux bornes d’arcades, le titre s’est rapidement retrouvé dans les ménages grâce à l’arrivée de l’informatique familiale (Amstrad CPC, Amiga), du Philips CDI et d’autres bestioles comme la 3DO.
Interactif ? Oui mais encore. A l’époque lorsqu’on parlait d’interactivité, ça se résumait à appuyer sur des touches ou boutons à des moments bien précis. Dans Dragon’s Lair, vous deviez utiliser votre manette (ou télécommande !) et appuyer au bon moment sur la touche de direction ou d’action pour faire évoluer le héros du jeu, Dirk dans un château infesté de squelettes, monstres et obstacles lui barrant la route qui mène à sa dulcinée, la princesse Daphne. Le problème c’est qu’aucune indication ne vous était communiquée à l’écran et donc vous deviez tâtonner et mourir en boucle pour comprendre qu’il fallait aller à gauche plutôt qu’à droite.
De plus, Dragon’s Lair donnait dans le gameplay millimétré, les actions devant être exécutées à la demi-seconde prêt, sûrement pour éviter que les joueurs se rendent compte que le jeu se termine en une poignée de minutes seulement. On vous laisse donc imaginer l’état de frustration des toute une génération de teenagers et le nombre de périphériques qui ont volés dans les salons de l’époque, recouverts de papier peint aux tons oranges et marrons. Bref tout ça pour revenir à notre Dragon’s Lair qui mine de rien, ressemble à s’y méprendre à l’original, la haute définition en plus.
Certes, on reconnaît que cette version Blu-Ray, sortie il y a quelques mois, a fait son boulot côté graphismes tout en conservant le grain d’origine, mais pour ce qui est du gameplay, c’est autre chose. Face au Kinect, nous allons devoir sauter en avant, en arrière, à gauche ou à droite et agiter le bras pour déclencher une action. Les développeurs ont eu la riche idée de faire afficher des petites indications qui clignotent lorsque l’on doit exécuter l’action demandée, mais son affichage est tellement rapide que la plupart du temps, nous réagissions en retard et c’est la mort assurée.
De plus, le titre se permet le luxe d’être imprécis dans ses contrôles et une fois sur trois, nos sauts et gesticulations ne sont pas reconnus correctement par le capteur de mouvements. Messieurs de chez Digital Leisure, nous avons bien compris que vous vouliez nous immerger dans le concept du jeu, mais il y a une limite au sadisme. Pour ceux qui aiment se faire mal, le titre ajoute également un mode coopératif à deux joueurs, entendez par là un switch de joueur de scène en scène. Vous en voulez encore ? Tentez de rejouer à l’ancienne à la manette avec ou sans les indications.
Conclusion
Dragon’s Lair est le portage de trop. Prétextant la haute définition et la redécouverte d’un classique à l’aide du Kinect, Digital Leisure nous vend un titre bâclé qui se terminera (ou nous lassera, c’est au choix) en à peine une vingtaine de minutes et oublie de faire rêver le joueur comme c’était le cas avec l’original. Pire que tout, le titre est vendu 800 Microsoft Points, ça fait cher payer la demi-heure de frustration.
Note globale
Parfois je ne comprends pas les éditeurs. Il doit y avoir plus de trois cent classiques disponibles et dignes de ce nom mais non ! Autant porter cette bouse de Dragon’s Lair.
Pour info, le même éditeur (Digital Leisure) prépare une version 3DS de Mad Dog McCree. J’en tremble d’avance.