Rune Factory Oceans en test, un jeu Bio

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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je ne peux m’empêcher de suivre certaines émissions de télé-réalité et dans ce genre de petit plaisir honteux, L’Amour est dans le Pré doit être l’une de mes préférées. Il m’arrive même de fantasmer devenir agriculteur, façon gentleman-farmer à la Richard Gere, juste pour pouvoir essayer de chopper la délicieuse Karine Le Marchand au détour d’une des meilleures phrases de pick-up artist dont j’ai le secret… slurp, j’en bave rien que d’y penser. Pour tous les petits gars comme ça, le développeur Neverland a eu la brillante idée de créer la série des Rune Factory. Situé à mi-chemin entre Harvest Moon (série avec laquelle il partage une filiation directe), Animal Crossing et Pokémon, Rune Factory Oceans est une sorte de simulation de Nicolas le Jardinier en contrées exotiques, dans laquelle il sera aussi important de planter de beaux légumes avec amour, que d’occire de vilaines créatures dans de sombres donjons.

Enfin, vilaines, pas tant que ca, puisque toute l’esthétique du titre tient dans son axe manga tout mignon avec supplément de cheveux roses et double ration de « japoniaiseries ». Autant dire qu’on sera loin, mais alors très loin d’avoir des sueurs froide à l’idée de croiser un abominable et cruel petit chien pelucheux ou autre poule pondeuse… Tout juste on pourra réprimer un sursaut stomacal et éviter de vomir sur son Dualshock devant tant de mièvrerie.

L’histoire nous conte les mésaventures de deux ados, Aden et Sonia dont les préoccupations dermatologiques liées à leur âge vont être bousculées quand, au contact d’une force lumineuse mystique et étrange tout droit sortie d’une fontaine, nos deux amis se retrouveront sur une île inconnue, semblant s’inscrire quelques cent ans dans le futur. Pour tout arranger, l’âme de Sonia se retrouve prisonnière du corps d’Aden sans que l’on sache réellement pourquoi, mystère. Devant ce constat Freudien, nos deux jeunes amis devront se résoudre à vivre ensemble et à trouver un moyen d’arranger tout ca, mais surtout, sans se presser. Et là, vu la lenteur du jeu, ce n’est absolument pas un euphémisme. Rune Factory Oceans tranche instantanément avec les règles de base du J-RPG. En effet, avant le premier combat, il faudra attendre deux à trois heures, car l’intérêt est ailleurs. Les relations sociales entre le couple mystique et les habitants du village les ayant recueillis sont primordiales et prennent rapidement le pas sur toute autre chose.

Vous serez donc amené à rencontrer toute une palette de stéréotypes issus de la culture japonaise, allant de la gentille et timide infirmière à la sulfureuse et dévouée soubrette aux formes aguichantes, en passant par une forgeronne spécialisée en golems mécaniques, une tenancière d’auberge sexy aux accents de garçon manqué, un prêtre homosexuel vivant avec deux enfants (?!?)… bref, toute une galerie de personnages, tous plus sympathiques les uns que les autres. Il faudra vite comprendre les attentes et les gouts de chacun d’entre eux afin de débloquer de très nombreuses quêtes annexes, s’affichant sur un tableau au beau milieu de la seule auberge de l’île, et autres histoires d’amour inavouées à la mode japonaise. Autant être clair, si vous avez le visage qui enfle et des éruptions gastriques rien qu’à l’évocation du mot manga, alors évitez ce jeu comme la peste.

Pour les autres, vous aurez peut être la chance de découvrir un monde vaste et surprenant où rien ne semble obligatoire et où personne ne vous prendra par la main pour vous mener à la quête suivante. Si cela peut sembler alléchant, c’est aussi frustrant puisque la sensation d’être complètement perdu au milieu de nulle part se fera rapidement sentir. Vos premiers jours dans le jeu vous permettrons de survoler rapidement le fonctionnement des divers ateliers et seront l’occasion de vous lier d’amitié avec les insulaires, toujours friands de conversations hautement intellectuelles, à faire pâlir d’envie Bernard Henry Levy (rappelez vous de qui est son épouse afin de bien comprendre toute la puissance intrinsèque de cette phrase). Vous découvrirez également le tableau des requêtes, véritable fourre tout de demandes diverses allant du massacre de monstres à la recherche de trésors à la valeur plus ou moins importante.

Au bout de quelques heures manette en main vous ferez enfin la connaissance d’Ymir, un golem géant avec lequel vous pourrez traverser l’océan pour rechercher de nouvelles îles à ramener à la surface afin de les explorer. C’est dans ces mêmes îles et après purification ethnique autorisée par l’ONU que vous pourrez planter vos précieuses petites graines dans l’espoir fou de récolter vos premiers légumes. Malheureusement, si dans les anciens épisodes la culture agricole pouvait vous occuper des heures durant, dans Oceans, ce sont vos monstres apprivoisés qui se chargeront des basses besognes à votre place vous laissant donc plus de temps libre pour… ne rien faire de vraiment palpitant, si ce n’est discuter encore et toujours avec vos voisins neuneus.

Chaque île immergé devra être nettoyée des monstres la peuplant avant de pouvoir être fertilisée (euh je suis seul à trouver que ce jeu est définitivement Freudien ?). Pour cela vous pourrez vous battre l’arme au poing en fermant consciencieusement chaque portail de spawn ou bien utiliser l’artefact le plus ridicule probablement jamais vu dans un jeu depuis Léa aime les gros chevaux : la brosse ! Ici, pas de Pokéball, mais une brosse donc avec laquelle vous caresserez la faune sauvage belligérante en évitant de vous faire becter vif afin de les amener à vous apprécier. Une fois cela fait, tous vos petits monstres se retrouveront dans une sorte d’étable à l’intérieur de votre golem. Chacun d’eux aura des caractéristiques différentes les orientant plus vers le travail de la terre ou le combat à vos côtés. Comme avec vos Pikachu préférés, vous pourrez leur donner un petit nom et les nourrir avant de les asservir tel le tyran assoiffé de sang que vous êtes secrètement.

Au fil des combats, Aden montera en niveau comme dans tout bon RPG qui se respecte et pourra enfin nettoyer complètement une île, car nos amis les développeurs ont eu la brillante idée d’adjoindre une barre de pouvoir runique, en plus de celle des points de vie, se vidant continuellement dès que vous faites la moindre action. Une fois cette barre vide, c’est votre pronostic vital qui descendra en flèche à la vitesse de la lumière, un peu come la vivacité capillaire de notre cher BILLOU95. Bref, au bout de quelques combats, vous tomberez forcément dans les pommes ce qui vous ramènera au lendemain matin dans votre charmante chambre d’hôtel avec vos deux barres à moitié vidées et l’île que vous tentiez désespérément de pacifier, totalement remise à zéro. Dire que cela est frustrant est encore très loin de la réalité.

Pourtant, au bout du dixième Knock Out, on se résigne enfin à comprendre qu’il va falloir, là aussi, prendre son temps et monter lentement son niveau avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Ce constat s’applique aussi aux actions de votre golem qui aura exactement les mêmes limitations qu’Aden. Autant dire que l’exploration de l’océan va prendre du temps, beaucoup de temps. Techniquement, le jeu est loin d’être transcendant. Si l’on pouvait pardonner beaucoup de choses sur Wii, on sera moins conciliant sur ce portage brut de la version destinée à la console de Nintendo. Le clipping est très présent, tout comme l’aliasing et semble réellement indigne de la Playstation 3. Pourtant, force est d’avouer que, comme tout, on s’y fait et que le design général du titre, très coloré, prends vite le pas sur la technique pure. On voyage donc le sourire aux lèvres dans les immensités bleues de cet océan qui nous est proposé comme terrain de jeu.

La musique est clairement agréable à l’oreille, même s’il n’y a que peut de chance que vous vous souveniez d’un thème une fois la console éteinte, et les doublages des dialogues sont plutôt corrects dans l’ensemble. Bien entendu, on aurait apprécié de pouvoir choisir les voix originales en japonais, mais ne soyons pas trop gourmand, c’est déjà pas si mal. Pour parler des choses qui fâchent, la caméra est juste atroce. Impossible de la diriger au stick analogique droit. Pour la recadrer il faudra marteler le bouton L1, autant dire qu’en pleins combat ce n’est pas forcement le genre de mouvement naturel à même de fluidifier une action déjà assez brouillon. L’inventaire, quand à lui est plutôt bien pensé et permet de naviguer entre trois cercles d’items un peu à la manière de ce bon vieux Secret of Mana. On pourra donc rapidement switcher les nombreux objets disponibles. Une très bonne idée vu la masse de choses qu’il est possible de fabriquer.

Conclusion

Rune Factory Oceans, s’il est loin d’être indispensable, fera néanmoins le bonheur de ceux qui aiment prendre leur temps, explorer et construire des tas de choses plus ou moins utiles. C’est un peu l’inspecteur Derrick du jeu vidéo. Tout est très lent, mais pourtant on y retourne avec plaisir, sans vraiment savoir pourquoi… Son design rose bonbon vous rafraichira telle une brise d’air entre deux parties de Diablo 3 ou tout autre jeu bien plus sombre, si tant est que vous puissiez passer au-delà des nombreux travers qu’il comporte. Pour ma part, je pense être très loin de ce genre d’univers, je conseillerais donc a tous ceux qui recherchent un jeu gentillet et bon enfant de prendre la peine de le tester. Quand aux autres, je ne sais pas si le prix plutôt conséquent d’un jeu Playstation 3 sera réellement rentabilisé par l’expérience proposée. Quand à moi je retourne a mes fantasmes en attendant de retrouver la merveilleuse Karine dans la prochaine saison de l’Amour est dans le pré.

Note globale

★★★☆☆

Shyn, Rédacteur

Commentaires
Une réponse à “Rune Factory Oceans en test, un jeu Bio”
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Regardez ce que les autres en pensent...
  1. [...] non plus les joueurs sur Playstation 3 avec l’arrivée de titres comme Rune Factory Oceans (testé chez nous hier), Babel Rising ou encore l’excellent jeu de course Bang Bang Racing. Comme chaque semaine, [...]



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