Puppeteer en test, que le spectacle commence !

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Tout petit, le soir venu, j’attendais patiemment le moment du coucher, car c’était pour moi l’heure d’écouter l’un des merveilleux contes audio sélectionnés par mes parents : Le Livre de la Jungle raconté par Caroline Cler, Peter Pan par Jean Rochefort, Blanche Neige et les Sept Nains narré par Bernard Giraudeau ou encore l’un des fabuleux contes persans de Catherine Zarcate, le tout installé confortablement dans mon lit douillet. J’en garde des souvenirs impérissables. Si je vous parle aujourd’hui des petits bonheurs de mon enfance; c’est d’une part parce que le conte audio se meurt et de l’autre parce que Sony et son Studio Japan viennent de nous sortir un véritable conte de fées interactif à dévorer sur Playstation 3 : Puppeteer.

La Lune est bien plus vivante qu’il n’y parait. Dans Puppeteer, elle n’est pas un simple gros caillou qui gravite inlassablement autour de notre bonne vieille Terre, non, c’est un véritable royaume gouverné par la Déesse de la Lune. Enfin, ça c’était avant… avant que le Roi Ours ne vienne semer la pagaille en volant les pouvoirs de la Déesse, symbolisés par des éclats de Pierre de Lune, et en s’emparant du trône. A l’aide de ses généraux, il fait régner la terreur sur le rocher céleste et pour ne rien arranger, il prend un malin plaisir à kidnapper les âmes des petits terriens pendant leur sommeil pour les transformer en vulgaires pantins de bois. Voilà commence est introduite l’histoire de ce Puppeteer.

Vous êtes Kutaro, l’un des pauvres diables à la merci du tyran lunaire et vous allez rapidement perdre la tête à cause d’un accès de colère du Roi Ours. S’en suivra une quête épique pour retrouver votre liberté et en passant sauver le Royaume de la Lune du joug de l’affreux poilu, le tout armé d’une paire de ciseaux magiques : Calibrus, de votre courage et d’une dextérité pour virevolter dans les différents mondes de ce jeu de plateforme-action. Jusqu’ici, on pourrait croire au jeu de plateforme tout bête et sachant que le jeu vient d’un studio japonais, on aurait pu douter des qualités du titre, mais c’était sans compter sur le génial Gavin Moore, directeur créatif et accessoirement papa de Puppeteer.

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Ainsi, là où Puppeteer fait mouche et bouleverse les idées reçues, c’est dans sa mise en scène. Ici, nous sommes face à un véritable spectacle, avec ses entractes, ses éclairages au spot, les « ohhh, ahhh » d’exclamation du public et ses décors cheapos en carton-pâte qui se construisent et changent sous nos yeux ébahis. Spectacle oblige, les mécaniques bien huilées du jeu de plateforme s’en trouvent quelque peu chamboulées. Notre personnage n’est plus au centre de l’action, le décor bougeant tout seul pour suivre les déplacements du héros. Par exemple lorsque vous allez devoir gravir une tour, la caméra restera fixée sur Kutaro et la scène principale alors que le décor, lui, tournera sur lui-même pour dérouler l’action.

Pire, le jeu suit à la lettre tous les codes du spectacle, des petites séquences cinématiques in-game faites avec des grands pans de tissu « peints à la main » éclairés par de douces lumières d’ambiance aux dialogues surjoués par les différents protagonistes de l’histoire sur fond de musique classique divinement orchestralisée par le talent de Patrick Doyle, un délicieux narrateur, tout y est. Puisqu’on parle de la narration, non seulement ces dialogues collent parfaitement au jeu, mais en plus ils sous doublés à la perfection par une équipe de haute volée dont l’excellentissime doubleur Marc Bretonnière (Robert Lutece dans Bioshock Infinite, Wrex dans Mass Effect, etc.).

Pour renforcer le côté faiblard et l’impuissance de notre héros face aux éléments qui l’entourent, Kutaro ne décrochera pas un mot pendant toute votre aventure. Mais c’est pour mieux laisser la place aux autres protagonistes : le Roi Ours enragé, le chat fantôme Ying-Yang, la fille du dieu Soleil Pikarina, une sorcière avide de pouvoir et les généraux du roi tous plus débiles les uns que les autres. Tous jouent la comédie comme de véritables acteurs d’une pièce de théâtre et récitent avec brio des tirades écrites avec amour. Le jeu brise allègrement le quatrième mur tout au long de l’histoire, les personnages parcourant la salle, volant autour du public et allant se vautrer sur la scène tandis que le Roi Ours fait des petites réflexions au narrateur qui prend un peu trop ses aises.

Bon, et si on revenait au jeu en lui-même. Car cette mise en scène pourrait nous faire oublier que Puppeteer n’est qu’un jeu. Comme indiqué plus haut, notre héros devra utiliser les compétences de la paire de ciseaux magiques Calibrus pour découper tissu, papier et carton et se frayer un chemin dans les 21 niveaux du titre. Au fur et à mesure de votre progression, vous découvrirez d’autres pouvoirs octroyés par des boss et des éclats de Pierre de Lune, un bouclier qui dévie les tirs ennemis, un grappin, etc. Le petit Kutaro pourra également s’équiper de têtes trouvées ça et là, chacun ayant son intérêt pour dénicher des passages secrets et des niveaux bonus (concept hélas sous exploité), outre le fait de servir de barre de vie.

Vous pouvez transporter jusqu’à 3 têtes différentes, à chaque fois que vous vous ferez toucher, vous perdrez littéralement la tête et aurez quelques secondes pour la récupérer avant qu’elle ne disparaisse définitivement. Plus de têtes, plus de vie. Simple comme bonjour. Vous gagnerez une vie tous les 100 éclats de Pierre de Lune récupérés sur les cadavres des monstres ou dans l’environnement. D’ailleurs à ce sujet, le jeu s’autorise à dévier (oui encore une fois) de la plateforme classique. Une mécanique de jeu de recherche d’objet est en effet intégrée, car vous serez constamment suivi par un personnage secondaire contrôlable avec le stick droit de la manette Dualshock.

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A l’aide de celui-ci, vous pourrez fouiller tout ou partie du décor à la recherche des précieux éclats, pour libérer des pantins planqués ici et là ou simplement pour le plaisir de voir les petites animations d’objets planquées par les développeurs dans chaque environnement. Pensé comme un jeu solo, Puppeteer peut parfaitement se jouer à deux, l’un s’occupant de Kutaro à la manette pendant que l’autre fouille la scène à l’aide du Playstation Move et on imagine très bien les parents jouer avec leurs bambins, tous deux profitant du spectacle à leur rythme. Enfin à chaque fin d’acte, vous aurez droit au sempiternel combat contre un boss. Fort heureusement, chacun possède son pattern précis à apprendre, bien qu’on termine toujours par un QTE certes basique, mais qui prend sens dans une aventure ultra-scénarisée.

Les contrôles sont parfois approximatifs notamment lorsqu’il s’agit de découper avec Calibrus sur de longues distances, mais restent le plus souvent justes et ne punissent jamais le joueur. Techniquement, le challenge de transposer un spectacle en jeu vidéo est accompli. La où brille le moteur de Puppeteer, c’est dans les éclairages : spots poussiéreux qui viennent du plafond, fondu au noir entre les actes, grosses ampoules de lumière d’ambiance sur la scène, on se croirait au théâtre. Terminons avec la durée de vie du titre : si la rejouabilité ne se limite qu’à la collectionnite des têtes (plus de 100 au total) et de la découverte des passages secrets, il propose déjà une aventure d’une douzaine d’heures en ligne droite, ce qui est tout à fait correct.

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Conclusion

Puppeteer est un petit bijou qui prouve qu’on peut faire passer le gameplay au second plan dans le but de laisser le joueur apprécier une histoire fantastique sans que cela choque outre mesure. Absolument merveilleux dans sa mise en scène, le jeu se paye le luxe d’un doublage de très haute qualité réalisé par une équipe française de renom et une écriture bluffante à la limite du chef d’oeuvre. Titre plutôt classique pour un jeu de plateforme, il est néanmoins ce qu’on peut faire de mieux sur cette génération de consoles en terme de narration interactive et Puppeteer est assurément l’un de mes coups de coeur de cette année 2013. Dernier point : ce conte est disponible un peu partout pour un prix tout doux oscillant entre 30 et 40eur et fera le bonheur de vos enfants, ne vous privez donc pas de cette incroyable pépite de Japan Studio.

Note globale

★★★★☆

BiLLOU95, Rédacteur en chef

Commentaires
Une réponse à “Puppeteer en test, que le spectacle commence !”
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  1. […] Puppeteer (Playstation 3) Sorti une semaine avant GTA 5, Puppeteer est complètement passé inaperçu et pourtant le petit dernier de Sony Japan en a dans le ventre. Sous ses airs de plateformer classique, le jeu est une aventure qu’on se doit de vivre, du genre qu’on croyait mort et enterré. Non seulement le titre possède une direction artistique à tomber par terre, mais il est également desservi par une bande originale enchanteresse signée Patrick Doyle. L’aventure, elle, est bourrée de clins d’oeil, de scènes théâtrales absurdes et de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Malgré des défauts dans l’inertie du personnage, le côté plateforme se trouve toujours agrémenté au fil des niveaux par différents gadgets que l’on va devoir maitriser pour arriver au bout du jeu. Cerise sur le gâteau, Puppeteer se permet le luxe de proposer l’une des meilleures utilisations du Playstation Move de l’année. Ainsi, parents et enfants peuvent profiter du jeu en parfaite harmonie. Un titre qui restera dans mon coeur comme l’un des meilleurs jeux Playstation 3 et que vous pouvez trouver à petit prix un peu partout. […]



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